SABLES
Alors que les premiers concurrents du Vendée Globe arrivaient aux Sables-d’Olonne ces derniers jours, aux antipodes ou presque, des dragues chinoises violaient les eaux territoriales de Taïwan pour y pomper du sable sous-marin, le chiffre de 100 000 tonnes/jour ayant circulé; à raison de 75 000 € les 3 000 tonnes, faites le calcul. Cette ‘’guerre du sable’’ Chine-Taïwan n’a rien à voir on l’aura compris avec la ‘’guerre du sable’’ d’octobre 1963 ayant opposé Maroc et Algérie, pour la possession de territoires sahariens. Sahara où l’on vient de s’apercevoir, dans la bande sahélienne (1,3 millions de km2) qu’il y avait beaucoup plus d’arbres qu’on ne l’estimait : 1,8 milliards d’arbres, soit 13 arbres à l’hectare… Non vous ne rêvez pas, le marchand de… sable n’est pas encore passé.
Avec ses kilomètres de plages, la commune des Sables-d’Olonne mérite bien son nom. Mais c’est grâce au Vendée Globe que ce même nom a fait, si l’on ose écrire, le tour du monde. La dernière édition de l’épreuve, la neuvième, vient de se terminer et sur les 33 concurrents au départ, 8 étaient à l’arrivée avec un temps de course de… 80 jours : du jamais vu, ce clin d’oeil à Jules Verne. En tout cas dans le Trophée Jules Verne, autre course emblématique du tour du monde, mais avec équipage, Francis Joyon en 2017 l’a réalisé en deux fois moins de temps (40 jours) que Phileas Fogg en 1872 dans le roman de Verne ; mais ce dernier avait aussi utilisé le chemin de fer… Fernand de Magellan avait accompli la première circumnavigation de l’histoire, que l’on sache, en à peu près trois ans. C’était il y a un demi-millénaire.
Alors que les concurrents du Vendée Globe se battaient contre les éléments, des flottilles chinoises (d’après l’hebdomadaire Le Point) allaient s’approvisionner en sable autour des îles taïwanaises, dans des proportions phénoménales. Les autorités de Taïwan tentent de repousser ces ‘’préleveurs’’ de sable (4 000 navires expulsés en 2020) adeptes du « faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais », la Chine continentale en effet ayant interdit le prélèvement de sable dans ses cours d’eau et eaux territoriales… On rappellera à nos amis chinois qu’au moment de la reconstruction de Saint-Malo après les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale, par souci d’économie fut utilisé du sable de mer pour fabriquer le béton avec comme résultat près de 1 000 cheminées qui s’effondraient 50 ans plus tard. On leur conseille de bien laver leur sable avant de l’utiliser pour la construction des gratte-ciels…
Autre rappel, pour la petite histoire, alors que l’on parle de guerre du sable à propos de cette histoire chinoise, il y a près de 60 ans, Maroc et Algérie s’affrontèrent dans une ‘’guerre des Sables’’, se disputant la possession de territoires du Sahara mal délimités (octobre-novembre 1963). Si en définitive, le tracé de la frontière ne fut pas modifié, ce fut le début d’une longue période de rivalité entre les deux pays, qui devait rebondir dans les années 1970 avec la république Saharouie, dans le Sahara occidental, qui n’est toujours pas reconnue par l’ONU.
Sable toujours dans l’actualité ces derniers temps, au Sahara encore, mais au Sud. Car le sable du Sahara ne serait pas aussi stérile qu’on l’imaginait jusqu’alors. Jugez-en : une équipe scientifique de Copenhague a établi, grâce à des moyens relevant de l’intelligence artificielle, que le nombre d’arbres existants dans une bande représentant le dixième de la superficie totale du Sahara, atteignait 1,8 milliards d’unités. Ils écrivent : « Bien que la couverture végétale soit faible, la densité relativement élevée d’arbres isolés remet en question l’idée prévalente de désertification des zones sèches, et même le désert offre une densité d’arbres surprenante ».
Des arbres qui stockent du carbone, et donc…
Denis Tardy