PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE
Alors que la campagne de l’élection présidentielle bat son plein aux États-Unis, le président sortant et candidat a mis en cause les votes par correspondance qui selon lui vont provoquer des fraudes pouvant justifier qu’il ne reconnaisse pas le résultat du vote. De nombreux commentateurs ont déjà rappelé que lors de l’élection de 2000, il fallut attendre plus d’un mois pour connaître le vainqueur, qui avait obtenu moins de voix que son concurrent ; comme Donald Trump lors de l’élection de 2016 soit dit en passant. Moins évoquées en revanche, les élections de 1888 et de 1876 entachées aussi par des irrégularités et des présidents minoritaires en voix élus… Étonnamment, qu’il s’agisse de 2016, de 2000, de 1888, et de 1876, le président élu était républicain…
Le 19e président des États-Unis, Rutheford Birchard Hayes, fut désigné seulement le 2 mars 1877 alors que l’élection s’était déroulée le 7 novembre 1876 ! Une élection émaillée de nombreuses fraudes, falsifications massives de bulletins de vote dans l’Orégon, la Caroline du Sud, la Louisiane, la Géorgie… la Floride (déjà) : trains attaqués transportant des urnes pour les voler, manœuvres d’intimidation auprès des électeurs noirs… Au reste ces fraudes émanaient des deux camps. À l’arrivée, le candidat du parti démocrate, Samuel J. Tilden, obtenait plus de voix que son adversaire républicain Hayes, et même disposait de 184 grands électeurs soit une voix de moins que la majorité du collège électoral chargé d’élire le président. La désignation des 20 grands électeurs de la Louisiane, de la Caroline du Sud et de la Floride allait être décisive. Une commission composée pour un tiers de 5 juges de la Cour suprême et comptant sept élus de chacun des 2 partis démocrate et républicain attribua les 20 grands électeurs au parti républicain ; les démocrates se rebellèrent pour, in fine, négocier un compromis. Donald Trump, élu en 2016 grâce aux swing states (États désignant un nombre de grands électeurs susceptibles d’être décisifs dans la composition du collège électoral désignant le président) maîtriserait-il l’histoire électorale des États-Unis sur le bout des doigts ?
Quant au 23e président des États-Unis, Benjamin Harrison, lui aussi fut élu dans des conditions discutables. Des manœuvres frauduleuses lui permirent de l’emporter dans l’Indiana et l’État de New York. Mais, au total, il obtint moins de voix (90 000) que son adversaire démocrate, président sortant, Grover Cleveland, mais plus de voix de grands électeurs et fut donc élu. Le syndrome des swing states avait encore frappé…
Un cas de figure très proche, on s’en souvient, se déroula en 2000. En lice, le républicain George W. Bush (dont le père fut président de 1989 à 1993) opposé à Albert Arnold Gore (dit Al Gore) le démocrate. Ce dernier obtint 500 000 voix de plus que George W. Bush. Mais en Floride, dont le gouverneur était le frère de George W. Bush, contestations et re-comptages des voix s’épanouirent car l’écart entre les 2 candidats était minime. Cela obligea la Cour suprême (7 juges sur 9 avaient été nommés par des présidents républicains) de trancher le 12 décembre, alors que les américains avaient voté le 7 novembr…
Concernant l’élection de 2016, on ne rappellera qu’un seul chiffre : Donald Trump a été élu alors que la candidate démocrate, Hillary Clinton avait obtenu 3 millions de voix de plus que lui. C’était la 5e fois dans l’histoire des États-Unis.
Trump rejoindra-t-il la cohorte des présidents des États-Unis n’ayant accompli qu’un seul mandat (depuis Franklin D. Roosevelt le nombre de mandats est limité à 2) à l’instar de Kennedy, Carter, Bush père ? Réponse le 3 novembre.
Denis Tardy
Nota : cette chronique a été rédigée après le premier débat entre Donald Trump et Joe Biden et avant l’annonce de la contamination à la Covid-19 de Donald Trump.