CHEVAL
Les cas de mutilation de chevaux se multiplient ces derniers mois le ministre de l’Intérieur ayant récemment évoqué 153 enquêtes ouvertes dans toute la France. Pendant ce temps, le philosophe Gaspard Koenig poursuit son périple dans les pas de Montaigne, entre Bordeaux et Rome, refaisant à cheval, comme le fit en 1580 l’auteur des Essais, les 2 500 kilomètres de son voyage, avec sa jument Destinada. Et en décembre prochain aux Sables d’Olonne, se dérouleront les journées des équidés au travail : notre pays en effet, avec plus d’un million de chevaux, dont 8 % de chevaux de trait, figure dans le… tiercé de tête des pays européens pour l’importance de leur cheptel chevalin, avec l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Actualité à cheval, donc.
Dans ce que les médias qualifient d’affaire des chevaux mutilés (plus de 150 cas ces derniers mois dans la moitié des départements français), les services de police et gendarmerie piétinent en reconnaissant toutefois des statistiques « sans précédent ». Et fin août, une note du Service central du Renseignement territorial concluait que « le mode opératoire augure d’une connaissance particulière des équidés, de l’utilisation d’une arme blanche de taille importante, avec des individus d’une force physique certaine ». Les hypothèses les plus farfelues étant avancées (satanisme…), d’ici à ce que l’on mette en cause des amateurs de corridas, et une sorte de trophées des oreilles et la queue…
Dans le même temps, le philosophe Gaspard Koenig, 440 ans après remet ses pas dans ceux de son ‘’confrère’’ Michel de Montaigne, parti à cheval et par des chemins détournés de Bordeaux à Rome (passant non loin de Paris, puis par la Suisse… 2 500 kilomètres) ; il était fin août dans la Moselle. Son objectif : « Aller à la rencontre des européens, dans les pas d’un humaniste qui ignorait les frontières et qui aimait voyager pour ‘’frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui’’… un voyage bas carbone pour confronter notre monde contemporain à son passé… et à son avenir ». En effet, c’est Destinada, une jument de 6 ans, qui le véhicule. Une brave bête pour un philosophe bien dans son assiette ? On se souvient en effet de la confidence de Montaigne : « Je ne démonte pas volontiers quand je suis à cheval car c’est l’assiette en laquelle je me trouve le mieux ».
Cheval toujours avec la traction animale qui revient à l’ordre du jour : comme l’illustrait le film Premiers crus de 2014 (avec Gérard Lanvin), on revoit des chevaux dans les vignes (également pour le débardage d’arbres) en témoigne l’École nationale du cheval vigneron près de Bordeaux qui propose des stages, en 2020 encore. En octobre 2017, le président de la République avait demandé aux inter-professions agricoles d’élaborer des plans de développement et de transformation des filières agricoles et agro-alimentaires : pour que le cheval ne soit pas pris en compte qu’au titre de la viande ? Car le constat de la Société française des équidés de travail aujourd’hui, c’est qu’avec un peu plus d’un million de chevaux, la France pointe dans le tiercé de tête européen de la population équine (Allemagne : 1,3 million, Grande-Bretagne : 950 000) ; et que dans notre pays, 250 000 animaux, soit un quart, sont dédiés au travail. Parmi eux, les chevaux de trait (9 races dont le percheron, le plus répandu au monde) qui exploitent entre un demi et un million d’hectares de prairies, agriculture raisonnée répondant aux enjeux de la transition écologique. Et depuis 2017, les naissances de chevaux de trait ont recommencé à augmenter en France.
Il n’y a pas que les chevaux-vapeur qu’on peut désormais lâcher…