Chronique du jeudi 11 juin 2020

 

ANIMAUX

 

Sans vouloir chercher la petite bête, force est de constater que la réouverture du zoo de Vincennes coïncide avec un recours accru à des expressions populaires impliquant des animaux : untel évoque les brebis galeuses dans la police, un autre un ministre de l’Intérieur ménageant la chèvre et le chou entre manifestants et syndicats de policiers, un troisième qualifiant de vie de chiens des habitants des quartiers sensibles, un autre encore des boucs émissaires… D’où cette lecture animalière de l’actualité de ces derniers jours, pour être dans le ton (pas le thon !)

 

Alors que le déconfinement en France se déroule avec un temps de chien (à l’inverse le soleil brillait durant le confinement), les manifestations de ces derniers jours font se regarder jeunes et policiers en chiens de faïence. Un déconfinement synonyme de changement radical : à partir de mi-mars, il n’y avait plus un chat dans les rues ; on avait été précédé par les espagnols, confinés sévèrement le 14 mars, leur gouvernement ayant pris le taureau par les cornes, normal dans ce pays. Ailleurs à l’inverse, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, au Brésil c’était la politique de l’autruche, leurs dirigeants expliquant qu’ils avaient d’autres chats à fouetter ; de là à penser qu’ils avaient une cervelle de moineau…

Car il y avait deux lièvres à courir à la fois : lutter contre l’épidémie et sauver l’économie. La chancelière d’Allemagne avala la couleuvre d’emprunt par la Communauté européenne, les différents gouvernements usant aussi de remède de cheval : fini l’époque où ils étaient à cheval sur les grands principes de limitation de l’endettement, ils trouvèrent sous les sabots d’un cheval les milliards d’euros nécessaires. Ces centaines de milliards d’euros seront-ils remboursés en monnaie de singe ou bien si l’on préfère quand les poules auront des dents ?

On passe du coq à l’âne ; quant aux manifestants contre le racisme, qui avaient mangé du lion, ils mettaient la puce à l’oreille sur des questions laissées en déshérence, s’apparentant à des éléphants dans un magasin de porcelaine brisant refoulements et non-dits. Ils avaient pris la mouche considérant être les dindons de la farce : c’était le signe d’une fièvre sociale de cheval. Les anciens, à la mémoire d’éléphants, se souvenaient d’avoir vu bien d’autres situations comparables où les gouvernements avaient su noyer le poisson.

On ne sait pas si Cachou était un ours mal léché. En tout cas il a été tué par balles ces derniers jours dans l’Ariège. Le gouvernement est monté sur ses grands chevaux et à annoncé qu’il allait porter plainte. Il ne reste plus aux gendarmes chargés de l’enquête qu’à tirer les vers du nez des éleveurs, qui payent un lourd tribut en terme d’animaux tués par les ours ; ours qui paraît-il n’ont pas un appétit d’oiseau.

Bref, une actualité entre chien et loup.

Denis Tardy

 

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