11 MAI
Dans la crise du Corid-19, la date du 11 mai (celle annoncée le 13 avril dernier au soir par le président Macron pour amorcer la fin du dé-confinement des français) restera-t-elle dans l’histoire ? Et ce 11 mai 2020 côtoiera-t-il dans les mémoires d’autres événements marquants qui ont eu lieu un autre 11 mai, comme la bataille de Fontenoy (1745), le couronnement du roi de Suède Charles XIV (1818), le lancement du bâtiment de la Royal Navy HMS Beagle (1820), qui ne sont pas sans quelques rapports, inattendus, sur ce qui se passe actuellement.
Le lundi 11 mai prochain, avec la sortie programmée du confinement des français, nous devrions vivre une date marquante de la crise du Covid-19. Soit dit en passant, ce jour-là ce sera la Journée mondiale des espèces menacées. Faudra-t-il dédier cette journée aux virus ou à l’espèce humaine ?
Et puis des 11 mai, il y en a eu beaucoup dans l’histoire, dont certains marqués par des événements d’importance, comme la bataille de Fontenoy. On ne peut s’empêcher, en évoquant cette bataille (durant laquelle paraît-il un officier anglais et un officier français se firent des politesses pour savoir qui allait tirer en premier) de penser aux deux négociateurs du Brexit, le français Michel Barnier (pour l’Union européenne) et le britannique David Frost (pour le Royaume-Uni) qui sont en train de reprendre leurs pourparlers : « Messieurs les anglais, tirez les premiers… ».
Un autre 11 mai attire l’attention, celui de 1818, avec le couronnement d’un natif de Pau, Jean-Baptiste Bernadotte comme roi de Suède. Il régna jusqu’en 1844, après avoir été un brillant officier des armées de la Révolution et de l’Empire. Comme quoi, la fracture entre les pays de l’Europe du Nord et les pays de l’Europe du Sud, sujet brûlant ces derniers temps, n’est pas impossible à réduire…
Un troisième 11 mai enfin : il s’agit du lancement sur la Tamise, à Woolwich, d’un navire de guerre, le HMS (pour Her Majesty’s Ship) Beagle qui très vite fut transformé en navire de recherche. Pourquoi évoquer cette barquasse ? Tout simplement parce que lors de sa seconde expédition scientifique, un certain Charles Darwin embarqua, et qu’à l’issue d’une circumnavigation de cinq ans et de prospections considérables, il publia en 1838 Le Voyage du Beagle, préambule à son célèbre Origine des espèces et à sa théorie de l’évolution. Quel rapport avec l’épidémie actuelle et le monde de l’infiniment petit (bactéries, microbes et autres virus) dès lors que Darwin est connu et reconnu comme naturaliste et pas comme microbiologiste ? Deux chercheurs ont battu en brèche il y a deux ans cette approche des choses : Samuel Alizon du CNRS de Montpellier et Pierre-Olivier Méthot de l’université Laval au Canada. Ils ont soulignés que Darwin s’est intéressé aux micro-organismes et a même réfléchi à la façon de les intégrer dans le cadre de ses théories. Regrettant « la divergence entre microbiologie clinique, écologie et évolution », ils constataient : « De récents travaux en épidémiologie et en écologie des maladies montrent qu’il est urgent de passer d’une perspective visant seulement à éradiquer les pathologies infectieuses à une perspective visant à les contrôler durablement. Toute politique de santé publique induit une pression de sélection sur les parasites… Il est essentiel de tenir compte de ces phénomènes de ‘’co-évolution’’ et des contextes écologiques pouvant favoriser l’augmentation de la résistance et de la virulence des maladies infectieuses ».
Denis Tardy