MASQUES
Paradoxal que pour un fléau sanitaire qui s’avance masqué (le Covid 19) on n’ait rien trouvé de mieux, entre autre mesures, que le port d’un masque… Masque, le terme fait penser au premier abord au carnaval de Venise, dont l’édition 2020 a été interrompu deux jours avant ce qui était prévu, propagation du coronavirus oblige. Masque, le terme renvoie aussi à Zorro, qui serait bienvenu s’il se reconvertissait dans la lutte contre l’épidémie. Masques dans l’histoire, ce sont aussi celui de Toutânkhamon, funéraire, retrouvé en octobre 1925, ou encore le mystérieux ‘’Masque de fer’’, sans oublier les masques à gaz mis en service durant la Première Guerre mondiale en juillet 1915. Autant de masques restés, pour des raisons diverses, dans l’histoire, comme ce sera sans doute le cas du FFP2 actuel.
C’est en août 1919 que le justicier masqué Zorro apparaît dans la littérature populaire ; il va connaître une destinée phénoménale. Mais si Zorro est resté dans toutes les mémoires, la baronne Emma Orczy elle, à l’origine d’un héros, masqué lui aussi, le ‘’Mouron rouge’’ (un aristocrate anglais sauvant de la guillotine pendant la Révolution française des victimes désignées de la Terreur) est retombé dans l’anonymat après avoir pourtant connu, au début du XXe siècle, un succès très marquant; le Mouron rouge avait inspiré le créateur de Zorro, Johnston Mac Culley, que voilà une nouvelle fois … démasqué!
En ce même début du XXe siècle, les premières attaques avec des gaz de combat provoquent l’apparition de nouveaux types de masques, dit masques à gaz (on devrait plutôt dire masques anti gaz), destinés à se protéger contre l’inhalation de chlore (ypérite). Le charbon actif dans le filtre de ces masques démontra son efficacité ; merci à un russe qui l’inventa, Nicolas Dimitrievich Zelinskiy. Simple rappel : en vertu d’un principe de précaution qui n’était pas encore formalisé (il faudra attendre 1992), la France équipa avant la Seconde Guerre mondiale tous les foyers de tels masques, dans le cas où… mais il n’y eu aucune utilisation de gaz de combat durant cette guerre. La menace, on le voit bien avec le Covid 19, ne se concrétise jamais où on l’attend.
Les masques funéraires aujourd’hui ne sont plus à l’ordre du jour comme à l’époque des pharaons dans l’Egypte antique : pourtant celui de Toutânkhamon, trois mille cinq cents d’âge minimum, a été retrouvé en 1925 par l’archéologue Howard Carter, quand il ouvrit le sarcophage de ce pharaon. On ne sait pas s’il est mort lors d’une épidémie, mais en tout cas, c’était prématurément (il avait dix-neuf ans) et son tombeau comme son masque, emblématique de l’art égyptien, seraient de la réappropriation, autrement dit de la récupération de mobilier et d’immobilier funéraire existant. Quand ça urge, on fait comme on peut, principe toujours valable aujourd’hui.
Et puis on ne saurait passer sous silence le plus célèbre masque de France, le ‘’Masque de fer’’, expression désignant un homme dont… on ne sait rien. Résumons : un individu non identifié fut détenu pendant plus de trente ans (il est mort à la Bastille en 1703), dans différentes prisons ; il était masqué pour que l’on ne sache pas qui il était. Depuis Voltaire, le nombre d’hypothèses émises pour dévoiler de qui il s’agissait se compte par centaines et d’estimés écrivains (Dumas, Vigny, Rostand, Pagnol, Monteilhet, entre autres) y sont allés de leurs évocations et identifications… hasardeuses. Après tout, pourquoi pas, faut bien s’occuper; un peu comme avec le Covid 19 ces derniers temps, pour certains qui illustrent le principe « ce n’est pas parce que l’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule », on pense à ce sujet à Le Pen, Royal ou Mélanchon.
Denis Tardy