BD
Avec la digitalisation toujours plus vorace, la limite entre le réel et le fantasmé s’estompe favorisant la confusion des esprits et mettant à mal la bonne vieille réflexion et le nécessaire recul pour l’analyse pertinente des situations. Normal dans ce ‘’nouveau monde’’ ? Le binaire informatique (0/1) déborde de son cadre technique pour envahir l’essence même de la communication entre humains : héros ou salaud voilà la question. Un peu comme dans la BD, promue il y a quelques années, par Morris le créateur de Lucky Luke, au rang de neuvième art. C’est vrai que vue la posture adoptée par certains acteurs de l’actualité, on se croirait dans des albums de BD : avec un Philippe Martinez copie conforme du ‘’beauf’’ de Cabu, un Emmanuel Macron reprenant le rôle d’Alix de Jacques Martin, voire celui de Tintin d’Hergé, les Benjamin Griveaux et Cédric Villani tellement proches des Dupond et Dupont du même Hergé, ou encore une Marlène Schiappa en Maestria dans l’univers d’Astérix… On s’est laissé prendre dans l’atmosphère ambiante…
Comme Staline et José Bové, Philippe Martinez, le leader de la CGT, porte la moustache. Fournie et imposante. Relativement récente aussi (2013), visuelle et caricaturale participant d’un personnage qu’il inspire à incarner. On est bien là dans la représentation, dans un univers très BD, comme celui de Cabu : « Le beauf, c’est celui qui assène des vérités, ses vérités, il ne réfléchit absolument pas, il est porté par des lieux communs, par le »bon sens » entre guillemets, par des certitudes dont il ne démordra jamais ». Il nous manque, Cabu, victime le 7 janvier 2015 de l’attentat contre Charlie Hebdo.
Martinez le beauf de Cabu, donc, confronté à Emmanuel Macron, au choix, intrépide comme le héros Alix de Jacques Martin ou bien Tintin d’Hergé à qui rien n’est impossible et qui n’a jamais pris… sa retraite, avec ou sans points. Et pour rester dans l’univers Hergé, sûr que dans leur conquête de Paris, et bien qu’ils ne portent ni chapeau melon ni moustache, Benjamin Griveaux et Cédric Villani font furieusement penser aux Dupond et Dupont. De là à imaginer Anne Hidalgo en Bianca Castafiore… c’est une question de voix, pas de voix.
Dans notre délire, on est allé jusqu’à se demander si Marlène Schiappa, notre pétulante secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations (ouf !) ne cherchait pas à s’identifier à une héroïne de la série Astérix le gaulois, non pas Adrénaline fille de Vercingétorix, dernier opus, mais Maestria, personnage inénarrable de l’album La Rose et le Glaive paru en octobre 1991.
En tout cas, pour poursuivre dans la même veine, on ne peut que souhaiter que Kim Jong un, l’actuel dictateur de Corée du Nord ne cherche pas à s’inspirer de l’œuvre d’Edgar P. Jacobs, spécialement du « Secret de l’Espadon »: qu’il veuille prendre pour modèle Basam-Damdu, l’abominable dirigeant de l’’’Empire jaune’’ n’aurait rien de réjouissant.
Denis Tardy