Chronique du jeudi 9 janvier 2020

 

RÉSERVES

 

Souvent présenté comme ‘’cigale’’ plutôt que ‘’fourmi’’, autrement dit drogué à l’endettement et cela depuis des siècles (à fin septembre 2019, la dette de notre pays s’établissait à 2 415 milliards €, soit 100,4 % du PIB) l’État français dispose pourtant de réserves non négligeables ainsi qu’on a pu le mesurer avec le projet contesté du réforme des retraites.

 

Le projet gouvernemental de réforme du système des retraites en France, visant à évoluer vers une formule universelle à points tout en conservant le principe de répartition (les cotisations des actifs servant à financer les pensions des retraités) déchaîne les passions et provoque les grèves que l’on sait… mais aussi l’analyse dans ses moindres détails de l’existant, et notamment la présence de réserves financières en matières de retraite. Ainsi du fond de réserve pour les retraites, créé en 1999, qui certes n’a pas atteint le montant prévu à l’origine (par incurie des gouvernements successifs), mais constitue un petit pactole de 36 milliards € actuellement. Quant aux différents organismes de gestion des multiples régimes de retraite, ils possèdent, d’après le COR (conseil d’orientation des retraites), 127,4 milliards € de réserves nettes, déficits déduits. Tout cela dans un contexte où le total des charges annuelles des retraites s’établit à environ 325 milliards € annuels avec un déficit autour de 10 milliards €.

Dès lors que l’on évoque les réserves financières, pourquoi , alors que l’endettement de notre pays ne cesse de croître, venant de dépasser fin septembre dernier les 100 % du PIB, ne pas s’intéresser au bas de laine de la puissance publique qui, on va le voir n’a rien de minime.

Du côté de la Caisse des dépôts tout d’abord, l’un des bras armé de l’État, les seuls fonds propres représentent plus de 34 milliards €, auxquels il faudrait ajouter la valorisation des participations au capital de dizaines d’entreprises et non des moindres (Véolia, la Poste, Dexia, PSA, Orange…)

La Banque de France pour sa part dispose de près de 140 milliards € de réserves. Quant à l’Agence des participations de l’Etat créée en 2004, elle possède un portefeuille de participations dans quatre-vingt-huit entreprises. Fleuron de ce portefeuille, les participations dans douze entreprises cotées au CAC 40 à la Bourse de Paris, valorisées à près de quatre-vingt milliards €, qui font de l’État le plus puissant actionnaire de la place. La valorisation des participations dans les autres entreprises reste à établir. Tout comme celles de BPI.

Autres réserves de l’État, son patrimoine immobilier, 75 millions de m2 en juin 2017, pour une valorisation proche de 70 milliards €. Quand bien même les différentes tentatives de cession de ce patrimoine n’ont pas toujours été couronnées de succès (7 milliards € de produits des ventes entre 2005 et 2015).

Bref, l’État endetté mais disposant de réserves serait bien inspiré de s’interroger sur sa stratégie financière, sans obligatoirement s’en tenir à la doxa de la très conservatrice Inspection des finances.

Denis Tardy

 

Retour