Chronique du jeudi 28 novembre 2019

 

Histoire du Temps Passé au Présent

Chaque jeudi un regard sur l’actualité

 

GRÈVES

 

Grèves et plages souillées par des galettes de pétrole au Brésil sur des milliers de kilomètres de littoral depuis août dernier, la pire marée noire connue par ce pays ; grève en France prévue pour le 5 décembre et annoncée comme une opposition frontale entre le gouvernement voulant réformer le système des retraites et de nombreux syndicats qui sont contre. Et cela alors que les mesures gouvernementales prises pour désamorcer les contestations… grèvent sérieusement le budget de l’État. Place aux grèves donc dans l’actualité, d’autant qu’un hebdomadaire vient de nous rappeler l’anniversaire de ce qui se passait place de… Grève à Paris un certain 28 novembre 1721. Une place qui est à l’origine du terme de grève pour qualifier les arrêts de travail revendicatifs. La boucle est bouclée.

 

Cela fait plus de trois mois qu’une marée noire à l’origine mystérieuse envahit grèves, plages, mangroves et côtes de la région nord-est du Brésil. Deux mille kilomètres de littoral sont pollués, et l’État de Rio-de-Janeiro a été touché la semaine dernière. Déjà 4 500 tonnes de résidus d’hydrocarbures ont été ramassés et le président Bolsonaro a prévenu : « Nous nous préparons au pire ». L’origine de ce désastre écologique n’est toujours pas établie. Dommage que le pétrole ne s’enflamme pas aisément sur la mer, on aurait pu trouver un job de remplacement aux exploitants agricoles brésiliens qui brûlent la forêt amazonienne pour créer des espaces cultivables…

Grève encore dans l’actualité avec, à en croire les déchaînements médiatiques, un cataclysme à venir le 5 décembre prochain. Manque de chance pour le gouvernement, le site internet de Météo France annonçait (samedi 30 novembre) un journée ensoleillée à Paris le jeudi 5 décembre avec une température clémente de 5° dans la journée : un temps idéal pour marcher…

Et pourtant depuis décembre dernier, le gouvernement n’a pas lésiné pour satisfaire les mécontents, on résume : baisse sur la CSG des petites retraites pour 1,6 milliards €, prime d’activité pour 4 milliards €, défiscalisation des heures supplémentaires pour 3 milliards €, gel de la taxe carbone pour 2,8 milliards €, réindexation des petites retraites pour 5 milliards €, plan pour l’hôpital pour 1,5 milliards €. Autant de… dégrèvements qui ne suffisent pas pour enrayer la grève ? À ce stade là, la centrale syndicale de monsieur Martinez « C’est Gravement Terrible »…

Ce n’est pas pour autant que l’on souhaite à ce même monsieur Martinez le sort de Cartouche, Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos (dans Le Point) venant de rappeler qu’il fut roué vif le 28 novembre 1721 place de… Grève : l’occasion de faire mémoire de ce lieu historique parisien (aujourd’hui pour partie place de l’Hôtel-de-ville) où se sont déroulées les exécutions capitales du début du XIVE siècle jusqu’à 1830, dont celle du bandit Louis-Dominique Cartouche (né en 1693), chef de bande ayant terrorisé la Capitale sous la Régence. Que l’on sache, la manifestation du 5 décembre ne passera pas en ce lieu.

En revanche, on peut revenir sur ce qui rapproche ladite place et le terme grève entendu comme cessation de travail de protestation. Ainsi peut-on lire dans le célèbre dictionnaire de Littré : «  Faire grève, se tenir sur la place de Grève en attendant de l’ouvrage, suivant l’habitude de plusieurs corps de métiers parisiens… Par extension du sens de se tenir sur la place en attendant de l’ouvrage, coalition d’ouvriers qui refuse de travailler tant qu’on ne leur pas accordé certaines conditions qu’ils réclament ».

Merci, Émile !