Chronique du jeudi 7 mars

 

SILENCE

 

Pour avoir gardé le silence, le cardinal Barbarin à été condamné à 6 mois de prison avec sursis jeudi dernier. L’ex-avocat de Donald Trump, à l’inverse, a rompu le silence, achevant son long témoignage devant le Congrès mercredi dernier, pas très tendre pour le président des États-Unis. Et alors que l’hypothèse d’un ‘’Brexit’’ sans accord prend corps, on ne saurait oublier de rappeler que la reine Elisabeth II elle-même, il y a quelques semaines, était sortie de son silence, signe de la gravité de la situation. De l’autre côté du ‘’Channel’’, chez nous, la majorité silencieuse ‘’s’exprime’’ par sondages interposés : largement, plus de 50 % des français estiment que les ‘’gilets jaunes’’ doivent mettre un terme à leurs manifestations. Si le silence est d’or, la parole est d’argent dans l’actualité.

Condamné par le tribunal correctionnel de Lyon (17e chambre) jeudi dernier pour ne pas avoir dénoncé les agissements d’un prêtre pédophile, le cardinal-archevêque de Lyon Philippe Barbarin annonce vouloir remettre sa démission au pape et faire appel de la sentence. Le tribunal n’a pas suivi les réquisitions du Parquet, demandant l’acquittement. C’est vrai qu’en droit, être condamné pour n’avoir pas dénoncé des agissements qui n’ont pas encore été jugés et donc reconnus comme criminels, cela apparait bancal. Il n’empêche, si l’on pouvait s’acheminer vers la fin de la loi du silence dans l’église catholique (comme ailleurs d’ailleurs, par exemple dans les médias, charité bien ordonnée commençant par soi-même) qui pourrait s’en plaindre ?

Michaël Cohen quant à lui, qui fut l’avocat de Donald Trump, auditionné par le Congrès, n’avait rien à gagner à garder le silence : condamné à 3 ans de prison pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral, il sera incarcéré début mai. Résultat : ses révélations devraient faire avancer considérablement l’enquête parlementaire visant le président américain, qu’il a aimablement qualifié de menteur, tricheur, raciste…

Toujours chez les anglo-saxons, mais de ce côté-ci de l’Atlantique, alors que la menace d’un ‘’Brexit’’ sans accord se précise de jours en jours, la reine d’Angleterre qui ‘’constitution’’ oblige n’interfère pratiquement jamais dans la vie politique de son pays, était elle aussi sortie de son silence fin janvier, faisant la leçon aux députés britanniques : « Dans notre recherche de nouvelles réponses en ces temps modernes, je préfère pour ma part des recettes éprouvées comme se parler avec respect et respecter les différents points de vue, se rassembler pour chercher un terrain d’entente et ne jamais oublier de prendre du recul… Ces approches… je les recommande à tout le monde » Et paf ! Mais quelques semaines plus tard, force est de constater que la souveraine a été la vox clamat in deserto…

Le silence dans l’actualité ces derniers temps, c’est aussi celui des français baptisés ‘’majorité silencieuse’’. Une terminologie de près de cinquante ans : c’était le 30 avril 1970, lors de la discussion d’une loi anticasseurs déjà !  Eugène Claudius-Petit (qui fut député de la Loire et maire de Firminy) expliquait : « Dans notre démocratie, il revient à chacun d’éviter que les minorités imposent leur loi à la majorité silencieuse ». D’après les sondages de la semaine dernière une majorité (silencieuse) de français estiment que les manifestations de ‘’gilets jaunes’’ doivent cesser Cela fait écho à une autre célèbre formule ‘’il faut savoir terminer une grève’’ datant, elle, de juin 1936

Bref, dans l’actualité, le silence fait une pause… Les musiciens comprendront.

Denis Tardy

 

 

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