Chronique du jeudi 21 février 2019

 

MÉNAGERIE

 

Une abeille de quatre centimètres, avec des antennes sur la tête, çà n’existe pas, çà n’existe pas ? Une tortue disparue qui se déplace, aux Galapagos avec sa carapace, çà n’existe pas, çà n’existe pas ? Des baleines pourchassées, par des islandais décomplexés, çà n’existe pas, çà n’existe pas ? Une chatte millionnaire, à la renommée planétaire, çà n’existe pas, çà n’existe pas ? Et bien si, n’en déplaise à Robert Desnos, ces animaux existent bien, ainsi que nous l’a rappelé l’actualité de la semaine dernière.

L’un de ses découvreurs en Indonésie l’a qualifié de « bouledogue volant » : l’abeille de Wallace, de la taille d’un pouce, n’avait pas été observée depuis des décennies. Elle avait été redécouverte en 1981 sur les îles des Moluques du nord. Coïncidence de l’actualité : ce spécimen d’abeille géante a été photographié le 21 février dernier, alors que la FAO avertissait le lendemain avec son tout premier rapport mondial sur l’état de la biodiversité que « de nombreuses espèces associées à la biodiversité sont gravement menacées… les pollinisateurs sauvages tels que les papillons, les abeilles. La perte de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture compromet sérieusement notre capacité à alimenter et à nourrir une population mondiale en croissance constante ».

Quelques jours auparavant, le 17 février, une vieille dame de près de cent ans, ‘’Chelonoidis phantasticus’’, tortue géante (20 kg) était retrouvée sur l’île Fernandina (archipel des Galapagos). On croyait l’espèce disparue, il n’en était rien, et le fait qu’il s’agisse d’une femelle laisse entrevoir la possibilité d’enrayer l’extinction. C’est bon, la soupe de tortue ?

« Observer les baleines en Islande est sûrement l’un des moments forts d’un voyage » dans ce pays, vantent les agences de voyages… alors même que le gouvernement islandais vient d’annoncer que la chasse à la baleine continuera jusqu’en 2023, et que les quotas de prise ont été augmentés. Une chasse qui rapporte 1,4 milliard de couronnes par an, soit environ 10 millions d’euros. À titre de comparaison, la population mondiale de la baleine de Minke (7 à 10 mètres de long à l’âge adulte) représente plus du double de la population islandaise (720 000 à comparer aux 340 000 islandais). Cent quarante-quatre baleines ont été tuées en 2018 par les islandais. On ne sait si les islandaises se sont remises à porter des corsets…

Quant à Choupette, orpheline depuis le 19 février, date de la disparition de Karl Lagerfeld, nul ne conteste que c’est « un être vivant doué de sensibilité » (et non pas un bien meuble) ainsi que la loi du 17 février 2015 l’a défini ; en revanche, Choupette ne pourra pas hériter des quelques millions d’euros que son maître lui avait réservé, le droit français ne le permettant pas. De là à penser que la succession de Karl Lagarfeld était cousue de fil blanc…

Denis Tardy

 

 

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