NOIR ET BLANC
Le pape François était vêtu de blanc, le grand imam d’Al-Azhar, le cheikh Ahmed al-Tayeb, de noir : ils se sont donnés l’accolade le 4 février à Abou Dhabi. Lors du discours sur l’état de l’Union, le 5 février, de Donald Trump aux États-Unis, Nancy Pelosi son opposante présidente démocrate de la Chambre des représentants était vêtu de blanc tout comme une cinquantaine d’élues pour célébrer le centenaire de la victoire des suffragettes, les élus masculins arborant comme à l’habitude des costumes noirs. Pierre Soulages, 99 ans, prépare une rétrospective au Louvre : il poursuit ses travaux sur le noir en peinture, lui qui enfant rendait le blanc du papier plus blanc en mettant du noir… Et puis lors d’un match de football, l’homme en noir (l’arbitre) Clément Turpin a encore semé la zizanie : il aurait avantagé l’équipe jouant en maillot blanc, l’Olympique lyonnais. L’actualité était, la semaine dernière, en noir et blanc.
C’était la première visite d’un pape dans la péninsule arabique. À Abou Dhabi, le pape François et le cheikh Ahmed al-Tayeb, grand imam de l’institution sunnite Al-Azhar, se sont retrouvés dans leur opposition à toute discrimination contre les minorités religieuses. Dans un territoire géographique où l’Arabie Saoudite interdit toute autre pratique religieuse que l’Islam mais où les Émirats Arabes Unis (dont la population compte 85 % d’expatriés dont 1 million de catholiques, soit 10 % de la population) tolèrent les cultes chrétiens, la concordance de vue de l’homme en blanc (le pape) et de l’homme en noir (le grand imam) était un signe.
Quant au président des États-Unis Donald Trump (en costume noir), il a prononcé mardi dernier son discours sur l’état de l’Union sous l’oeil acéré de Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants et sa farouche opposante… tout de blanc vêtue : comme pour ses collègues féminines, c’était une façon, cette tenue blanche, de rappeler que le Congrès américain avait voté le 4 juin 1919, il y a cent ans, le droit de vote aux femmes (ratification du XIXe amendement le 18 août 1920).
Le peintre Pierre Soulages lui, artiste français le plus cher lors des enchères, approche de son centenaire, il est né le 24 décembre 1919. Son travail sur la couleur noire le conduit à faire surgir la lumière avec ‘’l’outre-noir’’. Il se prépare pour la rétrospective que va lui consacrer le musée du Louvre, en décembre pour son centenaire. Pourquoi avoir travaillé sur le noir lui a demandé un journaliste de l’AFP : « C’est une couleur très active. On met du noir à côté d’une couleur sombre et elle s’éclaire… C’est le blanc la couleur du deuil ».
Noir, c’est aussi le plus souvent la tenue des arbitres de football. Et le 3 février dernier, comme à son habitude, l’équipe de l’Olympique Lyonnais jouait avec un maillot blanc. Contre l’équipe du Paris-Saint-Germain, qui malgré ses résultats exceptionnels a été battue. L’arbitre, Clément Turpin, a été accusé de partialité en faveur des ‘’blancs’’ par les vaincus. Une collusion noir-blanc ?
Noir c’est noir, il y a toujours de l’espoir…
Denis Tardy