Chronique du jeudi 20 décembre 2018

 

GENOUX

 

Des lycéens agenouillés et mains sur la tête sous la garde de policiers : la situation il y a quelques jours a provoqué des protestations ; le président des États-Unis lui aussi protestait il y a peu contre la… protestation de joueurs de football américain mettant genou à terre lors de l’hymne national. Et les 12 000 prêtres de France s’apprêtent à accueillir beaucoup plus de monde que d’habitude pour la veillée de Noël, célébration où l’agenouillement a sa place. Comme la période est à la rediffusion de vieux films à la télévision, on suggère aux chaînes de nous faire revoir un film d’Éric Rohmer, Le Genou de Claire

151 lycéens de Mantes-la-Jolie interpelés par la police ont fait l’actualité en étant filmés à genoux et les mains sur la tête, suscitant nombres de réactions indignées (dont celle du secrétaire d’État à l’Éducation nationale Gabriel Attal : « Cela me tord le bide [sic] de voir des jeunes en France en 1978 à genoux avec les mains sur la tête »). Seule ou presque dans la… classe politique, notre inénarrable Ségolène Royal, elle, réagissait en sens inverse : « Cela ne leur a pas fait de mal, à ces jeunes, cela leur fera un souvenir ». Ils ont fait l’actualité et… école, les 151, puisque le geste a été repris lors des récentes manifestations lycéennes et même par des ‘’gilets jaunes’’ : c’est devenu un symbole de contestation.

À vrai dire, ils avaient été devancés fin septembre dernier de l’autre côté de l’Atlantique par des joueurs pratiquant le football américain. Eux, c’était avant le match, pendant l’hymne national avant la rencontre, pour protester contre les violences policières commises sur des personnes noires. Utilisant comme souvent un langage châtié, le président des États-Unis a demandé aux propriétaires des clubs de « virer ces fils de pute [sic], de les sortir du terrain »… Des propos qui ont à leur tour générés des protestations. Trump aurait peut-être pu s’y prendre autrement, par exemple en rappelant que l’hymne national évoque (« O, thus be it ever when freemen shall stand… ») les hommes libres qui se tiennent debout…

La période est décidément à l’agenouillement : alors que la fête de Noël (devenue il est vrai plus culturelle que religieuse) approche, les catholiques seront plus nombreux qu’à l’habitude dans les églises, pour, durant la veillée adorer l’enfant Jésus, souvent à genoux.

Dans un tel contexte, les chaînes de télévision auraient tout intérêt, en cette période où les rediffusions d’anciens films sont monnaie courante, à programmerLe Genou de Claire d’Éric Rohmer, sorti en 1970. D’autant que ce serait ‘’raccord’’ avec l’actualité et les manifestations lycéennes évoquées en début de chronique : Claire, l’héroïne du film, n’est-elle pas
lycéenne ?

Denis Tardy

 

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