Chronique du jeudi 6 septembre

 

ÉCRITS

 

Vendredi dernier, à Nancy, les dix académiciens Goncourt ont mis dans les starting blocks les quinze auteurs en lice pour le célèbre prix qui sera décerné le 7 novembre. Et qui rapporte un joli pactole à son récipiendaire. Joli pactole aussi pour Le Canard enchainé, qui vient de publier ses comptes annuels 2017 : 400 000 exemplaires achetés en moyenne chaque semaine et des réserves financières de 128 millions d’euros. Pactole toujours, à venir le 16 novembre prochain avec les sorties en librairies d’un nouvel album de la série Blake et Mortimer et en décembre avec celle d’un nouvel opus d’Astérix. Quant aux Amélie Nothomb, Guillaume Musso et autres Marc Lévy, leurs romans annuels caracolent comme d’habitude en tête des ventes. Pas de doutes, l’écrit cela rapporte encore, pied de nez à des thuriféraires pressés.

La quarantième édition du « Livre sur la place » à Nancy vendredi dernier s’est offert une jolie visibilité (et un clin d’œil, Edmond de Goncourt étant natif de Nancy) avec les académiciens Goncourt autour de leur président Bernard Pivot qui ont annoncé à cette occasion la liste de la quinzaine d’auteurs retenus pour le sprint final en vue de l’attribution du prix. Un prix doté d’un chèque de 10 €. Mais synonyme aussi de ventes exceptionnelles dans un contexte éditorial où la diffusion des livres toutes catégories réunies (livres scolaires, livres de poche inclus notamment) s’établit par livre à quelques milliers d’exemplaires en moyenne. Or, le Goncourt, c’est entre 100 000 et 500 000 exemplaires vendus. Avec un prix moyen de vente de 20 € , et environ 10 % de droits d’auteur, faites le calcul pour l’heureux lauréat… et sa maison d’édition.

Atypique au sein de la presse écrite française en particulier parce qu’il renonce à toute recette publicitaire, Le Canard enchainé ne témoigne pas moins d’un état de santé florissant. Il vient de publier son bilan 2017 : après un « coup de mou » en 2016, le bénéfice net est remonté à 2,1 millions d’euros, affectés aux réserves, bas de laine de 128 millions d’euros. Pas mal pour un palmipède…

Toujours dans l’activité économique de l’écrit (dont l’agonie annoncée depuis une quarantaine d’années prend des allures de survie éternelle…), le 25e épisode des aventures de Blake et Mortimer, la plus « bavarde » de la bande dessinée avec des textes longs comme des jours sans pain, sortira le 16 novembre prochain. La Vallée des immortels (deux épisodes sont prévus) a déjà été publié en bonnes feuilles dans la presse début juillet. Les vingt-deux premiers albums de la série ont totalisés 15 millions d’exemplaires vendus. Et chacun des suivants, entre 200 000 et 300 000 exemplaires. Plutôt pas mal, financièrement parlant aussi. Mais moins bien qu’Astérix : un nouvel album sortira avant les fêtes de fin d’année, en accompagnement du film Le Secret de la potion magique. Ce ne sera pas un épisode supplémentaire des aventures d’Astérix et Obélix au sens propre ; le dernier épisode Astérix et la transitalique (2017) a terminé en tête des ventes des livres tous genres confondus, avec un tirage de… 5 millions d’exemplaires.

On aura garde d’oublier qu’Amélie Nothomb a publié Les Prénoms épicènes le 22 août dernier, devancée par Marc Lévy avec Une Fille comme elle le 18 mai, et Guillaume Musso avec La Jeune fille et la nuit le 24 avril. Leurs romans annuels, ce sont des centaines de milliers d’exemplaires vendus. Et cela alors qu’à l’Assemblée Nationale va être prochainement discuté un amendement sur la « transparence » à propos des écarts de salaires dans les entreprises (loi PACTE).

L’écrit n’échappe pas à la règle.

Denis Tardy

 

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