Chronique du jeudi 2 août 2018

 

MÉDITERRANÉE

 

Le service de presse de la présidence de la République n’a pas fait savoir, que l’on sache, si les bouchons de champagne ont sautés au fort de Brégançon (au bord de la Méditerranée) à l’issue de la rencontre entre Emmanuel Macron et Theresa May ; en revanche, ce dernier samedi 4 août, les bouchons d’automobilistes en partance pour la Méditerranée étaient bien au rendez-vous : un rituel pimenté cette année par un épisode de canicule ; fallait pas rêver : même avec le réchauffement climatique, il était difficile d’envisager en août 2018 un mètre de neige comme en décembre 1970 sur l’A 7. La Méditerranée (décidément en vedette de l’actualité ces derniers jours) aura tué, vient de faire savoir l’ONU, 1 500 réfugiés et migrants depuis le début de l’année. Alors que Monaco, l’une des perles de la Méditerranée, était désertée par ses footballeurs partis en Chine, pour disputer le Trophée des champions français. Dis, Papa, pourquoi Shenzhen ?

Sagement notre président a échappé aux bouchons de la vallée du Rhône pour se rendre à Brégançon : il est arrivé vers 17h vendredi dernier (le jour noir pour la circulation c’était le lendemain) et a pu recevoir en bras de chemise (mais avec cravate tout de même) la Première ministre britannique Theresa May. Elle rentrait de vacances en Italie. Environ 1h45 d’entretien informel pour « évoquer les relations futures entre Paris et Londres » après le Brexit. Comme ce n’est pas Macron qui négocie, mais Michel Barnier, on en conclura que cette rencontre avait pour but de meubler le temps de vacances de notre président qui sinon risquerait de s’ennuyer.

Pendant ce temps, l’ONU faisait savoir qu’en sept mois, plus de mille cinq cents réfugiés et migrants sont morts en Méditerranée, huit cent cinquante en juin et juillet, d’après le Haut Commissariat aux réfugiés. Soixante mille migrants ont traversé la Méditerranée depuis le début de l’année, la moitié moins qu’il y a un an, mais le nombre de morts et disparus demeure le même, ce qui signifie, pas besoin d’avoir une médaille Fields, que les candidats à la traversée se noient deux fois plus.

Des migrants, il y en a beaucoup aussi, toujours au bord de la Méditerranée, mais à Monaco, et pas tout à fait du même genre. Il y a aussi des footballeurs, qui sont partis en Chine pour jouer le Trophée des champions, avec pour adversaire l’équipe du Paris-Saint-Germain composée de beaucoup de migrants, qu’on en juge : deux italiens, quatre brésiliens, deux allemands, un belge, un portugais, un uruguayen, deux argentins, un espagnol, un malien, un américain du nord et vingt français tout de même. Le match se jouait à Shenzhen : avec Hong-Kong toute proche, les deux villes comptent vingt millions d’habitants. Et le PIB de Shenzhen avoisine deux cent quarante milliards de dollars. Les footballeurs n’y étaient pas dépaysés (money, money, money…) puisque le match devait rapporter entre cinq cent mille et sept cent mille euros net aux deux clubs.

Denis Tardy

 

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