Chronique du jeudi 22 février 2018

 

FUSIL

 

Miami, Afrine et autres lieux de Syrie et d’Irak, mais aussi Pyeongchang sans oublier les massifs forestiers français des Alpes, du Jura, du sud-est du Massif Central : l’actualité nous fait faire ces derniers jours le tour du monde avec les fusils, et ses multiples utilisations.

 

Les tueries en milieux scolaires, pudiquement qualifiées de fusillades, aux États-Unis, horrifient : la dernière en date, celle de Miami qui a fait 17 morts était la 18e depuis le début de l’année, la 291e depuis 2013 pour reprendre la comptabilité macabre tenue scrupuleusement. C’est à Eugene Stoner que l’on doit l’AR-15, version civile du fusil militaire d’assaut M16 souvent utilisé dans ces tueries, c’était le cas à Miami ; aux dernières nouvelles, les responsables politiques américains ne sont toujours pas prêts, en ce qui concerne la législation sur les armes, à changer leur fusil d’épaule…

Les épreuves de biathlon, et les records de Martin Fourcade aux Jeux olympiques de Pyeongchang ont passionné les français, qui pourtant n’ont pas relevé un paradoxe : dans une compétition souvent présentée comme au service de la paix, une épreuve sportive née de la volonté des armées (nordiques surtout) d’entrainer leurs soldats, a-t-elle sa place comme épreuve olympique ? Aux JO de Chamonix en 1924, l’épreuve portait même le nom de patrouille militaire, le terme de biathlon n’apparaissant qu’en 1954. L’arme utilisée ? Une carabine de type 22 Long Rifle, autrement dit dotée d’un calibre de 5,56 mm, identique à celui de l’AR-15 ; avec cependant une vitesse initiale de la balle trois fois moins rapide. Heureusement, grâce aux romains de l’Antiquité, l’apparente contradiction d’une épreuve militaire dans une compétition synonyme de paix peut être surmontée : « Si vis pacem, para bellum »¹…

Sur les 360 loups qui seraient actuellement présents en France, une quarantaine pourront être abattus en 2018. Quarante loups « abattables » donc, mais l’objectif affiché est dans le même temps que la population française de loups atteigne 500 animaux en 2023. Problème d’arithmétique : 360 moins 40 = 310 ; 500 moins 310 = 190 loups manquants ; sachant qu’une femelle donne naissance à 4 à 8 louveteaux par an… En clair, sera-t-il possible que la population de loups atteigne 500 membres en 2023 sans contribution de loups migrants traversant illégalement les frontières ? Et quelle sera la position du ministère de l’Intérieur ? Considérera-t-il qu’il s’agit de loups migrants économiques donc susceptibles d’être reconduits à la frontière ou de loups réfugiés politiques ? En revanche, pour les armes utilisées pour les tirs de destruction de loups, strictement encadrés, pas d’équivoque : ce seront des fusils ou carabines de catégorie C (ex 5e catégorie) dont les conditions de détentions sont également très règlementées. Plus de 2 millions de ces armes seraient détenues en France…

Et pendant ce temps-là, au Proche-Orient, les fusils continuent de cracher la mort. À Afrine et ailleurs. La mort d’hommes, pas de loups : « Homo homini lupus est »².

Denis Tardy

 

1- Si tu veux la paix, prépare la guerre
2- L’homme est un loup pour l’homme
 

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