Chronique du jeudi 4 janvier 2018

 

CHEF

 

En juillet de l’année dernière, Emmanuel Macron était chef de guerre, rappelant sans tact et avec quelque mépris pour des généraux ses interlocuteurs, qu’il était « leur chef », dans le texte. Le même en octobre expliquait à la télévision à David Pujadas qu’il était chef de cordée. Le 3 janvier dernier, Emmanuel Macron toujours, était chef d’orchestre, d’après son Premier ministre expliquant que le gouvernement et la majorité devaient exécuter la partition sans couacs. On a imaginé quels autres types de chef pourrait être Emmanuel Macron dans les temps à venir.

 

Chef de cuisine : la capacité des grands chefs à sublimer notre alimentation pourrait être une première piste. En plus, la cuisine c’est tendance comme en témoignent la multiplication des émissions télévisées sur le sujet. Seul risque pour le Président à surfer sur l’image des chefs de cuisine : se voir reprocher de faire de la tambouille politicienne. 

Chef de gare : pas tout à fait porteur actuellement, compte tenu des pannes à répétition de la SNCF. Éventuellement notre Président, s’il souhaitait s’approprier la formule, pourrait insister sur le rôle des chefs de gares routières dès lors que les cars dits « Macron » sillonnent sans trop de problèmes les routes françaises pour pas cher.

Chef d’entreprise : si notre Président veut dire qu’il souhaite diriger la France comme une entreprise, il fera certes roucouler de joie les barons du CAC 40 et du MEDEF, mais avec le risque d’ancrer dans l’opinion qu’il est le Président des riches.

Rédacteur en chef : avec les propos tenus lors de la récente cérémonie des voeux à l’Élysée, notre Président vient de revêtir un tel costume, expliquant aux journalistes comment ils devaient travailler désormais, sans trop de proximité avec les responsables politiques et en partant en guerre contre les fake news.

Chef de famille : insistant lors de sa présentation des voeux aux français sur l’importance de la Nation qui nous rassemble, notre Président pourrait explorer la dimension de chef de la « famille France », auprès des corses nationalistes qui viennent de remporter la majorité dans la nouvelle collectivité territoriale de l’île, ainsi qu’auprès des habitants de Nouvelle Calédonie appelés dans un an à décider de leur avenir.

Chef de bande, petit chef : de tels rôles, notre Président pourraient les réserver pour qualifier les menées de ses adversaires.

Chef de clinique : s’invoquer Président chef de clinique pour soigner la France malade, cela pourrait aider les électeurs à accepter les potions amères des réformes.

On pourrait continuer avec chef d’équipe, chef de file, chef de projet… Mais en définitive, au lieu d’invoquer toutes ces façons d’être un chef, notre Président ne pourrait-il pas tout simplement rappeler qu’il est… le chef de l’État ?

Denis Tardy

 

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