CRIMES ET CHATIMENTS
La boue ressort des égouts de l’histoire ces derniers temps, qu’il s’agisse de la dictature en Argentine,
de la guerre en ex-Yougoslavie, des événements génocidaires au Rwanda et même des atrocités nazies.
La justice continue de passer et pourtant tout cela donne un goût d’inachevé et surtout d’impuissance…
Comme si face à des situations révoltantes d’aujourd’hui, nous serions réduit à attendre
pour dans quelques dizaines d’années, le verdict d’un énième tribunal pénal international.
La dictature militaire en Argentine (1976-1983) fut à l’origine de 30 000 « disparus » sans compter les 15 000 fusillés. La « sale guerre », les escadrons de la mort, les « Mères de la place de Mai », tout cela vient de ressurgir, si toutefois on l’avait oublié, avec le verdict rendu la semaine dernière dans le procès des militaires argentins coupables de tortures et d’assassinats dans le centre de détention ESMA (Ecole mécanique de la Marine de Buenos-Aires) où 5 000 personnes ont disparues. Vingt-neuf accusés ont été condamnés à la détention à perpétuité.
Le tribunal international pour l’ex-Yougoslavie s’apprête pour sa part à fermer ses portes. Créé en mai 1993, le TPIY était appelé à juger les responsables de génocides, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis durant les années 1990 lors des conflits dans cette zone. Le 22 novembre dernier, le général Mladic a été condamné à perpétuité, notamment pour génocide. Et quelques jours après, Slobodan Praljak se suicidait en plein tribunal après l’énoncé du verdict le condamnant à vingt ans d’emprisonnement.
En Allemagne, c’est un ancien comptable du camp d’extermination d’Auschwitz, 96 ans, qui va être incarcéré. Il avait été condamné en 2015 par un tribunal allemand pour complicité dans le meurtre de 300 000 juifs.
En revanche un juge d’instruction français aurait refusé d’entendre de hauts responsables militaires français en poste au Rwanda à l’époque du génocide en 1994.
Des tribunaux et juridictions internationaux (et même nationaux) chargés de juger les génocidaires, criminels contre l’humanité, criminels de guerre, il y en a eu un nombre certain depuis celui de Nuremberg à la fin de la Seconde guerre mondiale. Sans qu’ils paraissent avoir eu un quelconque effet dissuasif. Rohingyas, yézidis , chrétiens d’Orient et tous les autres sont-ils contraints d’attendre une vingtaine d’années qu’une juridiction internationale s’inquiètent de leur sort ? Beaucoup d’entre eux, alors, ne seront plus là.
Denis Tardy