VERSAILLES
Versailles, acte II, pour notre président de République ce lundi avec son discours devant le Congrès ; l’acte I, c’était avec Poutine, un lundi aussi (jour de fermeture du château au public) le 29 mai dernier. Dommage que tous les parlementaires ne soient pas présents : on imagine bien Jean-Luc Mélenchon allant déposer une gerbe au pied des grilles, en hommage à ces femmes du peuple affamées venant crier leur détresse un certain 5 octobre 1789, et accueillies à coups de fusil…
Plus pacifiquement, l’hémicycle de 1 500 place du château de Versailles (datant de 1875) a vu passer beaucoup de présidents de la République, 17 sur 25 si l’on inclut le congrès de ce lundi. À cette aune, Emmanuel Macron demeure dans la norme.
Il en est de même pour l’accueil des chefs d’états étrangers. Poutine est loin d’être le premier depuis la fin de l’Ancien régime a s’être vu proposé un traitement royal par la République. La reine Victoria en août 1855 (certes, c’était le Second empire), le tsar Nicolas II en octobre 1896… Le cas de Guillaume Ier est un peu à part, il n’avait pas été invité et à l’issue de la guerre franco-allemande de 1870-1871, il se faisait proclamer empereur d’Allemagne dans la galerie des Glaces. La France rendit, on le sait, la monnaie de sa pièce à l’Allemagne, en 1919, à l’issue du premier conflit mondial; pour la signature du traité de Versailles (dans la galerie des Glaces), ils se bousculaient au portillon, si l’on ose écrire, le président des États-Unis, le Premier ministre britannique, le président du Conseil italien… Il fallu attendre 1982, avec le sommet du G7, pour qu’autant de chefs d’État se retrouvent à Versailles. Encore une fois, la célébrissime galerie des Glaces fut mise à contribution, pour le diner de clôture.
D’ici à ce que l’Élysée nous refasse le coup de Versailles, par exemple pour la réunion du G7 de 2019 prévue en France, avec l’annonce dans les semaines qui viennent du lieu d’accueil retenu… Ce pourrait être l’acte III (une comédie, fusse-t-elle du pouvoir ne doit pas déroger aux règles, n’est-ce pas) d’Emmanuel Macron à Versailles, et la confirmation avec un tel symbole, qu’il se trouve à l’aise dans les habits d’un monarque républicain.
Denis Tardy