Chronique du jeudi 20 avril 2017

 

ATTENTATS *

 

Vlado Tchernozemski, pas sûr que beaucoup s’en souvienne. C’était à Marseille, le 9 octobre 1934 qu’il perpétra son forfait lors d’un attentat, bien réel celui-là, visant des personnalités politiques : le roi Alexandre 1er de Yougoslavie, le ministre des Affaires étrangères Louis Barthou trouvèrent la mort ainsi que quatre autres personnes. Sans remonter à 1610 et l’assassinat d’Henri IV, ou encore à Robert-François Damiens poignardant Louis XV en janvier 1757, les attentats contre des personnalités politiques françaises, notre pays en a connu depuis un peu plus de cent ans. Pas toujours avortées comme celui de Marseille il y a quelques jours.

 

Deux présidents de la République française ont été tués lors d’attentats, un troisième ayant échappé par miracle à plusieurs tentatives d’assassinats, sans oublier un ministre des Affaires étrangères tué par balles, tout cela entre 1894 et 1964 : la situation actuelle n’a rien de nouveau.
À Lyon le 24 juin 1894, le président de la République Sadi Carnot est poignardé mortellement par l’anarchiste Sante Geronimo Caserio. Le service d’ordre s’avère tellement inefficace que l’assassin, après son acte, qui ne s’enfuit pas, parade autour du landau présidentiel en criant « Vive la Révolution » puis « Vive l’Anarchie » avant d’être maitrisé. Sadi Carnot s’est écrié, lui : « Je suis blessé ».
À Paris le 6 mai 1932, le président de la République Paul Doumer inaugure une exposition consacrée aux écrivains de la Grande guerre. Son assassin porte le même prénom, Paul. Paul Gorgulov. Il abat le Président de deux balles de pistolet. Paul Doumer s’est écrié : « Tout de même ».
À Marseille le 9 octobre 1934, le roi Alexandre 1er de Yougoslavie et le ministre des Affaires étrangères Louis Barthou décèdent suite à l’attentat commis par Vlado Tchernozemski. Il se pourrait que ce soit une balle perdue, tirée par le service d’ordre, dans la confusion qui suivit, qui ait tué Louis Barthou. Louis Barthou qui s’est écrié : « Pour moi, ce n’est rien, mais le Roi ? Comment est le Roi ? » Avant d’ajouter : « Et mon portefeuille et mon lorgnon ? Ah, sapristi, où est mon lorgnon ? »
Au Petit Clamard (dans la région parisienne) le 22 août 1962, le général de Gaulle échappe miraculeusement a un attentat fomenté par un commando de 12 hommes sous la direction du lieutenant-colonel Bastien-Thiry. 187 balles sont tirées, 14 criblent la DS présidentielle, les pneumatiques avant sont crevés, la glace arrière, du côté où est assis le général de Gaulle vole en éclats. Arrivé à la base aérienne de Villacoublay, indemne, Charles de Gaulle s’écrie : « Cette fois, c’était tangent ». Sa femme, Yvonne, plus prosaïque, s’inquiète des victuailles emportées dans le coffre de la DS : « J’espère que les poulets n’ont rien eu… » Au total, De Gaulle aura échappé à cinq attentats.
Alors qu’il semblerait que François Fillon ait été visé par une tentative d’attentat ces derniers jours, on ne peut s’empêcher de rappeler que lors de l’attentat du Petit Clamard de 1962, un véhicule Panhard conduit par un certain Monsieur… Fillon, a lui aussi été atteint par les balles des tireurs. Monsieur Fillon a été légèrement blessé à un doigt…

Denis Tardy

* La chronique a été rédigée avant l’attentat des Champs-Élysées perpétré le 20 avril dernier.

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