Chronique du jeudi 16 mars 2017

 

LÉGISLATIVES

 

Clin d’oeil de l’histoire avec la date du deuxième tour des prochaines élections législatives, le 18 juin prochain. Une date très « gaulliste », alors que le général de Gaulle est beaucoup invoqué dans la campagne de l’élection présidentielle : « je vous ai compris » d’un candidat ; « imagineriez-vous le général de Gaulle mis en examen ? » d’un autre par exemple.
Et de plus, l’Assemblée nationale qui sortira des urnes le 18 juin pourrait peut-être réserver la même surprise, selon le candidat qui sera élu président de la République que celle élue le 30 novembre 1958, avec la vague de députés gaullistes dont la majorité étaient élus pour la première fois (1). D’ou l’idée de se replonger dans l’histoire, à la recherche d’élections législatives hors normes.
Un premier bond, de deux siècles, en arrière. On est le 22 août 1815. Louis XVIII vient de s’asseoir sur le trône que Napoléon Ier a laissé vacant. Et la chambre des députés élue dépasse toutes les espérances royales : les royalistes monopolisent les sièges. À tel point que Louis XVIII évoquera une « chambre introuvable ». Au bout du compte, cette chambre des députés se révèlera, et très vite, beaucoup plus néfaste qu’utile au roi : elle sera dissoute l’année suivante. Une autre caractéristique de cette « chambre introuvable » : 320 députés sur 381 n’ont jamais siégé dans une assemblée législative.
Autre chambre des députés hors normes, celle élue le 8 février 1871. Hors normes non pas seulement parce qu’elle siègera à Versailles, mais en raison de la monopolisation des sièges par les élus royalistes, de deux tendances (une majorité de
60 % environ). Et encore une fois, les députés sont souvent des novices, seuls 175 sur 675 élus ont déjà siégé dans une précédente assemblée.
Et puis il y a la célèbre chambre « bleu horizon » (en référence à la couleur de l’uniforme de l’armée qui vient de remporter la Première Guerre mondiale) élue le 16 novembre 1919. Un raz de marée du « Bloc national », dans l’esprit de l’Union sacrée, qui obtient 433 sièges des 616 en compétition. Et de nouveau le renouvellement est important : 369 députés sont élus pour la première fois.
L’avenir nous dira si le 18 juin prochain, avec la promesse d’un des candidats « bien placé » à l’élection présidentielle qui nous annonce un important renouvellement du personnel politique en faisant appel à la « société civile », la prochaine chambre des députés comptera beaucoup de novices. Il est vrai que « ni droite-ni gauche » cela ne parait pas très éloigné del’Union sacrée…

Denis Tardy

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