Chronique du jeudi 16 février 2017

 

ÉVANGILE

 

Il y a eu l’épisode Fillon, sa foi catholique proclamée… dont Bayrou s’est indigné au nom de la laïcité, croustillant lorsqu’on se souvient que son parti est l’héritier de la démocratie chrétienne (le MRP) en France. Quant à Macron, il ne renie pas la dimension « christique » dans une interview récente, bigre…
Sûr que dans la campagne présidentielle on assiste à un fracassant come-back de la religion catholique (1). D’où la tentation de retrouver dans l’Évangile des références pour chacun des acteurs, un peu comme on l’avait fait il y a quelques semaines avec les Fables de La Fontaine.
On commence avec Mélanchon : aucun doute pour lui, il incarne l’épisode célèbre de Jésus et ses compagnons chassant les marchands du Temple leur reprochant d’avoir fait de la maison de Dieu un repère de voleurs. Remplacez « maison de Dieu » par « maison France » et vous aurez une apostrophe bien dans l’esprit et le style de Mélanchon.
Gérard Collomb, le maire de Lyon, c’est à Jean-Baptiste prêchant dans le désert qu’il fait penser. Lui qui fut l’un des plus précoces partisans de Macron, on l’imagine, vox clamat, s’écrier « Aplanissez les chemins pour Macron« .
François Hollande, avec son renoncement et sa volonté affichée de ne pas intervenir dans la campagne, fait quelque peu penser à Ponce-Pilate : comme le romain, il se moquerait de ce qui peut arriver, il s’en lave les mains.
Marine Le Pen et les assistants parlementaires du FN à Bruxelles qualifiés d’emplois fictifs expliquant avec aplomb que dans cette affaire elle est victime alors que Fillon pour des soupçons similaires est coupable : pas de doute elle voit la paille dans l’œil de Fillon et ignore la poutre qu’elle a dans son œil à elle.
Hamon, lui, avec son revenu universel renvoie à la Parabole des ouvriers de la 11e heure, les derniers arrivés sur le marché du travail (les jeunes aujourd’hui) payés autant que ceux ayant travaillé toute la journée.
Bayrou, le donneur de leçons, on le verrait bien il y a 2000 ans en Palestine, pharisien…
Comme la politique c’est avant tout l’art du discours, rien d’étonnant à ce que nos hommes politiques cousinent avec l’Évangile : celui de Jean ne commence-t-il pas par le célèbre « au commencement était le Verbe… »
(1) Olivier Philippe Viela, Accents religieux dans la campagne présidentielle, 20 minutes 14 février.

Denis Tardy

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