Chronique du jeudi 26 janvier 2017

 

LIBÉRAUX

 

Emmanuel Macron doit sans doute se féliciter que le Haut comité aux commémorations nationales ait retenu, parmi les célébrations pour l’année 2017* Jean-Baptiste Say, né il y a 250 ans à Lyon. Non pas (seulement ?) parce que cette ville et son maire ont été parmi les premiers à bien accueillir sa démarche « En marche ! » Mais plus largement parce que l’ancien ministre de l’économie a bien des points communs avec Say et qu’au plan des idées, il s’inscrit dans la filiation libérale.

Tous les deux en effet, sont des hommes familiers des révolutions. Celles de Say, ce fut d’abord la Révolution française qui l’enthousiasme alors qu’il n’a que vingt-deux ans (en 1789) puis la révolution industrielle qu’il a découvert en Angleterre et avec Adam Smith. Celles de Macron : un livre dont le titre Révolution justement, claque prétentieusement et aussi la révolution numérique aux conséquences autant sinon plus considérables que celles de la révolution industrielle.

Et puis les deux hommes ne répugnent pas à dépasser (voire à considérer comme dépassées) les frontières nationales. Say ira se former à Londres au Nouvel ordre économique ; Macron s’affirme en chantre de l’Europe et de la mondialisation. Et tous les deux, détail éclairant, sont familiers de la culture et de la langue anglo-saxonne.

Tous les deux aussi ne sont pas que des théoriciens : avant de publier son célèbre Traité d’économie politique, Say fut chef d’entreprise dix ans, après avoir fondé une filature de coton dans le Pas-de-Calais ; Macron on le sait fut banquier d’affaire chez Rothschild et Cie, de 2008 à 2012, associé-gérant à partir de 2010.

Tous les deux enfin, furent tentés par la politique. Say en étant membre d’une des assemblées parlementaires, le Tribunat grâce à un mentor, un certain Bonaparte qui le nomme en 1800. Macron aussi entra en politique, en 2012, sans expérience et grâce à un mentor qui le nomme à l’Élysée puis au ministère de l’économie, un mentor lui aussi chef de l’État ainsi que Bonaparte, François Hollande.

Say se fâche au bout de quatre ans avec son mentor, Macron aussi. Mais le premier retourna à ses chères études… et les ressemblances entre nos deux libéraux semblent s’arrêter là. Mais qui sait, les électeurs, devant lesquels il ne s’est jamais présenté, le renverront peut être lui aussi aux chères études…

Denis Tardy

* Commémorations nationales 2017, éditions du patrimoine.

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