Chroniques du jeudi 17 novembre

 

IMITATION

Quelle constance, de nous autres français, à reproduire les comportements des américains du nord, et cela dès l’origine des États-Unis d’Amérique et leur révolution fondatrice de la fin du XVIIIe siècle, imitée dans notre pays en 1789, l’année même où la constitution américaine entrait en application et où était organisée la première élection présidentielle.

Étonnant de constater que un peu moins de 230 ans plus tard, les deux pays font la une de l’actualité avec leurs élections présidentielles: peu de choses en commun entre ces deux scrutins ; sauf peut-être qu’il a été souligné pour certains propos de Donald Trump qu’il ne devait pas dire çà, tandis que chez nous c’était le président déjà élu qui ne devrait pas dire ça… tout en le disant quand même… Et n’hésitant pas à reprocher implicitement (dans son message de félicitations) à Donald Trump devenu président qu’il n’aurait pas du dire ça. La paille que l’on voit dans l’oeil de l’autre en ignorant la poutre que l’on a dans le sien propre ? Sûr que le père Sigmund aurait eu des choses à dire : le ça, n’est-ce pas l’ensemble des pulsions inconscientes ?En tout cas, difficile dans cette histoire croisée de déterminer qui des deux a imité l’autre en disant ce qu’il n’aurait pas du dire. Alors que dans le passé, la France, dans tous les domaines ou presque, fut à la traine des États-Unis. Petit florilège. André Citroën dès la fin de la Première Guerre mondiale « importe » le fordisme en France avec les premières chaînes d’assemblage des automobiles en 1922. La célèbre Ford T (15 millions d’exemplaires vendus) avait ouvert la voie avec la mise en application de l’organisation scientifique du travail due à Taylor.  Avant notre pays aussi, les États-Unis avait connu l’assassinat d’un président, Lincoln en 1865, le président Sadi Carnot ayant lui été assassiné à Lyon en 1894. Le premier parc national américain, Yellowstone, fut créé en 1872, celui de la Vanoise, premier du genre dans notre pays, en juillet 1963. Les premiers déhanchements sur scène d’Elvis Presley datent de 1954. Johnny Hallyday sort son premier 45 tours (« T’aimer follement ») en mars 1960. Août 1965, Los Angeles, l’émeute urbaine dure 6 jours, fait une trentaine de morts ; les premières émeutes urbaines contemporaines ont lieu en France à Vaulx-en-Velin en 1979, puis à Vénissieux en 1981. On pourrait multiplier les exemples. En tout cas, ce que nous indique la dernière élection présidentielle américaine, c’est que ce n’est pas une femme qui a été élue présidente. Espérons qu’ils seront beaucoup en France pour faire en sorte que notre pays continue d’imiter les États-Unis. Compte tenu, bien sûr, de la seule femme « en course » pour pouvoir raisonnablement y prétendre.

 

RÉMINISCENCES

Un homme politique n’émerge jamais de nul part, comme un diable sortant de sa boite. Quand bien même il s’appelle Emmanuel Macron. Soit dit en passant, il aurait peut-être, avec un tel prénom, du choisir le 25 décembre pour annoncer sa candidature (« Il est né le divin candidat… »), mais enfin c’est fait, alors… Pas de génération spontanée donc pour l’ancien ministre de l’Économie, mais quelques réminiscences de 1965, 1976, 1980, 1984. Qui doivent lui passer au-dessus de la tête, lui qui en 1986 avait neuf ans.

1965 : une des surprises de l’élection présidentielle, la première au suffrage universel, c’est bien sûr la mise en ballotage du général De Gaulle, et corrélativement les 15 % de voix obtenues au premier tour par un jeune candidat centriste (45 ans) dont on a conservé en mémoire un sourire rayonnant, celui de Jean Lecanuet qui tranchait en regard des affiches électorales de l’époque. Et le sourire d’Emmanuel Macron ?

1976 : avec son livre « Démocratie française », Valéry Giscard d’Estaing explicite son ambition pour mettre… en marche un nouveau parti politique ni de droite ni de gauche, libéral et visant à rassembler « deux français sur trois » (titre d’un autre de ses livres en 1984) autrement dit transcendant les divisions politiques traditionnelles en France. L’inspecteur des finances V.G.E., qui comme Macron a voulu ringardiser le reste de la classe politique, sans soutien d’un parti politique puissant et ancré dans la durée, aurait-il quelque parenté avec l’inspecteur des finances Macron ?

1980 : à Conflans-Saint-Honorine, situé à 35 km de… Bobigny, un certain Michel Rocard devance le 19 octobre François Mitterrand qui ne s’est pas encore déclaré comme candidat à l’élection présidentielle de 1981. La déclaration de Rocard ressemble à celle de Macron qui vient de devancer François Hollande. La suite ? Michel Rocard en décembre, renoncera avec la candidature de François Mitterrand. Pas sûr que Macron fera de même.

1984 : le jeune poulain de François Mitterrand devenu Président de la République, Laurent Fabius, est nommé Premier ministre, à 37 ans. Emmanuel Macron a aujourd’hui 38 ans. Jacques Chirac le traitera (Fabius) de « roquet » lors d’un débat télévisé en octobre 1985. Les adversaires de gauche de Macron le traite de « microbe ». La valeur qui n’attend pas le nombre des années (merci Corneille) demeure difficile à faire reconnaitre…

Et puis, au delà des élections présidentielles de France, un petit coup d’oeil sur ce qui s’est passé aux Etats-Unis : Donald Trump, 70 ans, qui vient d’être élu, est âgé de plus de 24 ans de sa femme Mélania ; Emmanuel Macron, 38 ans, qui n’est pas encore élu, est âgé de moins de 24 ans de sa femme Brigitte.

Y a-t-il un bénéfice de l’âge, et lequel ?

Denis Tardy

 

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