Chronique du jeudi 14 avril

FILIATION

L’aspiration (fréquente dans un pays en crise) à faire de la politique hors des partis traditionnels a conduit ces derniers temps à la naissance de deux mouvements qui n’ont en commun justement que de vouloir rénover l’action politique. Rien de bien nouveau sous le soleil.

La démarche… En marche d’Emmanuel Macron, autant qu’on puisse en juger, n’est-ce-pas se différencier à la fois au sein de son propre camp (il fait tout de même parti d’un gouvernement socialiste en dépit de ses déclarations libérales) et de l’opposition de droite? A la façon, tout proportion gardée, d’un… Mao Zedong dont la Longue Marche (octobre 1934-octobre 1935) lui a servi à reprendre le leadership au sein des communistes chinois tout en échappant aux forces de Tchang Kaï-chek, son ennemi dans la guerre civile. Garibaldi aussi avec sa Marche des Mille marquait doublement sa différence, s’opposant bien sûr aux pays européens adversaires de l’unité italienne, mais également avec ses alliés, en particulier vis-à-vis de Victor-Emmanuel souverain du Piémont et son ministre Cavour. Emmanuel Macron héritier de Mao Zedong et Guiseppe Garibaldi ? Osé… D’autant qu’il peut plus simplement invoquer la Marseillaise et son « … Marchons, marchons… »

Une Marseillaise qui nous renvoie à la Révolution française dont Nuits debout, autre mouvement de ces derniers jours cherchant à refondre radicalement l’action politique, ne peut renier la filiation. On pense bien sûr à la Nuit du 4 août 1789 à l’Assemblée Constituante ; les députés aussi étaient debout cette nuit-là, se saoulant de paroles toutes plus réformatrices les unes que les autres : égalité de tous devant l’impôt, suppression des privilèges de la noblesse, du clergé, des provinces… : dans la volonté de faire table-rase, les députés de la Nuit du 4 août étaient-ils si différents des participants aux Nuits debout des places des villes de France de mars-avril 2016 ? Et même dans la façon de réformer le calendrier (les militants de Nuits debout décomptant les jours à partir du 31 mars, le jeudi 14 avril devenant par exemple jeudi 45 mars) ne se retrouve-t-on pas dans la même logique que celle du calendrier révolutionnaire utilisé de 1792 à 1806, le 22 septembre 1792 étant devenu le 1er vendémiaire an I ?

Seule question qui vaille : dans le programme politique d’Emmanuel Macron comme dans les propositions des participants aux Nuits debout, est-il envisagé de renforcer, dans les écoles, collèges et lyçées, l’enseignement de l’Histoire ?…