ÉCOSSE
Les récentes élections locales au sein du Royaume-Uni (le parti indépendantiste SNP remportant la victoire en Écosse) offre l’occasion d’évoquer les multiples et pluri-séculaires coopérations franco-écossaises, militaires certes, mais aussi dynastiques, diplomatiques, sportives et culturelles sans oublier que la France demeure le premier importateur de whisky (près de 50 millions de litres annuellement).
Ironie de l’histoire (ou bien arroseur arrosé) Boris Johnson, qui vient de séparer son pays de l’Union européenne se trouve confronté à la volonté de l’Écosse de se séparer du Royaume-(dés)Uni. Les élections locales ont permis au parti national écossais (SNP) dirigé par Nicola Sturgeon de l’emporter et de faire pression sur le Premier ministre britannique afin qu’il organise un référendum d’autodétermination. Lors d’un premier référendum en 2014,55 % des écossais avaient voté pour le maintien de leur pays au sein du Royaume-Uni, mais depuis, il y a eu le Brexit et 62 % des écossais y étaient opposés.
De tout temps ou presque, au moins depuis 1295-1296, Écosse et France ont entretenus des liens étroits, matérialisés par l’Auld Alliance, prévoyant la réciprocité d’intervention militaire sur leurs territoires en cas d’attaque de l’Angleterre. Les écossais combattirent avec les français lors de la guerre de Cent ans, les français envoyèrent une flotte au secours des écossais, en 1385; ils étaient confrontés à une invasion anglaise. À partir de 1422, une garde écossaise assura la protection du roi de France. Le mariage de la reine d’Écosse Marie Stuart avec le roi de France François II (1558) conforta la vieille alliance. Officiellement, cette alliance pris fin en 1560 avec le traité d’Édimbourg lorsque l’Écosse devenue protestante s’allia à l’Angleterre ; mais la France n’a jamais abrogé officiellement les dispositions de cette alliance et en 1942 à Édimbourg le général De Gaulle rappela : « Dans chacun des combats où, pendant cinq siècles, le destin de la France fut en jeu, il y eu toujours des hommes de l’Écosse pour combattre côte à côte avec les hommes de France ».
Sans doute pensait-il entre autre aux 690 000 soldats écossais (le pays comptait alors 4,7 millions d’habitants) ayant combattu durant la guerre de 1914-1918, entre 75 000 et 182 000 ayant péri en particulier sur la Somme en 1916.
Toujours est-il qu’un siècle après cette boucherie, afin de rendre hommage aux joueurs de rugby écossais et français tués lors du premier conflit mondial, les dirigeants du tournoi des Six Nations créèrent le trophée Auld Alliance récompensant le vainqueur du match France-Écosse. Pour mémoire les deux équipes depuis 1910 se sont confrontées 99 fois, dont 91 fois lors du Tournoi. Et la France l’a emporté à 56 reprises et l’Écosse 39 fois.
Enfin au plan culturel, on se remémorera au moins de deux écrivains écossais plébiscités en France, d’abord Walter Scott (1771-1832), dont l’action du célèbre Quentin Durward (paru en 1823) se déroule dans la France de Louis XI, créateur du roman historique, genre repris par Alexandre Dumas et les romantiques français (Les Chouans de Balzac en 1829, Chronique du règne de Charles IX de Mérimée la même année, Quatre-vingt-treize de Hugo en 1874…) Quant à Robert-Louis Stevenson, l’auteur de l’immortelle Île au Trésor, on se souvient qu’accompagné d’une ânesse, Modestine, il pérégrina en 1878 du Monestier-sur-Gazeille (Haute-Loire) jusqu’à Saint-Jean-du-Gard, traversant les pays camisards. Son livre Voyage avec un âne dans les Cévennes (1879) et l’itinéraire qu’il a emprunté, ont inspiré la création d’un sentier de grande randonnée.
À noter que dans un poème The Scotsman’s return from abroad, Stevenson mentionnait le whisky comme roi des breuvages, d’après le guide du Routard. Whisky dont la France est le premier importateur mondial.
Denis Tardy