NAPOLÉON
Retour dans l’actualité de… Napoléon. D’abord parce que notre président de la République a annoncé vouloir commémorer le bicentenaire de sa mort (5 mai 1821) en dépit, comme à l’habitude, de protestations de ceux qui revisitent l’histoire de façon anachronique. Plus instructif, alors que le Royaume-Uni vient d’être pris la main dans le pot de confiture à propos du vaccin AstraZeneca (« Ce qui est à toi est à moi, ce qui est à moi reste à moi ») incite à se rappeler ce qui se passa avec le Blocus continental instauré par Napoléon. Et toujours dans ce domaine de la vaccination, la politique de santé prémonitoire imposée par Napoléon avec la variolisation mérite d’être soulignée. Dans un autre ordre d’idée, ce qui se passe à Strasbourg avec la polémique autour du financement d’une mosquée par la municipalité renvoie à 1801-1802 et au régime concordataire établit en France par le consul Bonaparte, toujours en vigueur en Alsace et dans une partie de la Lorraine.
À la suite du Conseil des ministres du 10 mars, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a confirmé que notre président de la République commémorera le bicentenaire de Napoléon Bonaparte, décédé le 5 mai 1821. « Commémorer, a-t-il expliqué, c’est avoir les yeux grand ouverts sur notre histoire et la regarder en face y compris dans ses moments qui ont pu être plus difficiles… sur des choix qui apparaissent aujourd’hui contestables », a expliqué Gabriel Attal.
Le terme « aujourd’hui » apparaît essentiel : la détestable dérive de vouloir instrumentaliser le passé avec un regard et des critères contemporains (anachronisme en bon français) va sans doute conduire, si cela continue, des écolos à s’interroger sur le rôle de l’Homme de Néandertal dans le réchauffement climatique (61 000-40 000 années avant notre ère) succédant à la grande glaciation de 73 000 à 61 000 ans…
La commémoration napoléonienne, ce pourrait être aussi, actualité oblige, d’évoquer la permanence pluri-séculaire de l’opposition franco-britannique, avivée lors de l’Empire (1804-1805), et de rappeler le Blocus continental décrété par Napoléon afin de mettre à genoux l’économie britannique. L’Union européenne de nos jours, avec la volonté de bloquer les exportations de vaccins AstraZeneca produits dans les pays européens, alors qu’au mépris des accords, les vaccins de cette même firme produits en Angleterre sont réservés à l’Angleterre ne s’inscrit-elle pas dans la même logique d’un Blocus continental deux siècles après ?
Ne quittons pas le sujet de la vaccination, qui fut initiée par Edward Jenner en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, avec la vaccine pour protéger contre la petite vérole (variole). En 1804, Napoléon fonde la Société pour l’extinction de la petite vérole par la propagation de la vaccine. Le 11 mai 1811, son fils, le roi de Rome, est vacciné. Déjà au camp de Boulogne (lors de la préparation de l’invasion de l’Angleterre qui n’eut en définitive pas lieu) au début des années 1800, les soldats étaient vaccinés contre la variole. Un aspect méconnu de l’action de Napoléon.
Ce diable d’homme, qui n’exerça le pouvoir que 16 ans (de 1799 à 1815) et encore avec une interruption, fut aussi à l’origine du Concordat, destiné à régler les rapports entre l’État et les organisations religieuses. Depuis, les lois sur la laïcité ont bouleversé les règles… sauf en Alsace et dans une partie de la Lorraine où le régime concordataire napoléonien s’impose toujours ! La polémique actuelle sur la subvention accordée par la municipalité strasbourgeoise pour la construction d’une mosquée remet en évidence un apport napoléonien à notre société…
Denis Tardy