Chronique du lundi 22 mars 2021

 

CHIFFRES

 

Et un français de plus vacciné contre la Covid-19 avec notre Premier ministre le 20 mars dernier. Une vaccination (dans sa globalité, pas celle de Jean Castex) s’apparentant à une planche de salut pour le pays… Une campagne de vaccination donc sur laquelle on entend beaucoup de choses voire n’importe quoi, alors que l’immunité collective obtenue concurremment sans vaccination est beaucoup moins évoquée. On a essayé de trier, dans la foultitude des données chiffrées dont on nous abreuve, pour savoir où on pourrait en être à la fin de l’été. Surprise : on a quelques raisons d’espérer ! Gaffe cependant : il va falloir suivre avec attention ; réfractaires aux chiffres, s’abstenir. Et bien sûr ceux qui arriveraient au bout sont incités à contester et même critiquer s’ils l’estiment nécessaire. Plutôt par écrit dès lors que la parole est libre mais que la plume est serve…

 

Au 16 mars dernier, 5,5 millions de français avaient été vaccinés contre la Covid-19 avec une dose, 2,3 millions avec deux doses. Autrement dit, 8,15 % de la population française (67,5 millions d’habitants) avaient reçus une dose et 3,4 % deux doses. L’objectif affiché par le gouvernement est d’avoir vacciné 52 millions de français d’ici fin août (ce qui correspond à la population des plus de 20 ans). Dès lors face à cet objectif, au 16 mars, il restait à injecter environ 105 millions de doses (5,5 millions de deuxièmes doses plus 99,4 millions de non-vaccinés).  Cela devant nécessiter au rythme de vaccination de mi-mars (130 000 doses par jour environ) 764 jours. Or, du 16 mars au 31 août, il y a 167 jours. Une situation inquiétante alors que la vaccination apparaît comme la meilleure arme contre l’épidémie ?

Il convient cependant de préciser que ce n’est pas in fine un chiffre de vaccination qui doit être visé, mais un chiffre d’immunité collective, souvent estimé à 60 % de la population, soit pour la France environ 41 millions d’habitants. Et que des millions de français ont déjà été victimes de la Covid-19, s’en sont remis, et sont immunisés. L’Institut Pasteur le 24 février dernier estimait que 17 % des adultes (âgés de plus de 20 ans) avaient été infectés, ce qui représente 8,7 millions de personnes. Ce qui veut dire, si ce chiffre est proche de la réalité, que pour atteindre l’immunité collective de 60 % de la population française (soit 41 millions de personnes répétons-le), une fois retranchés le nombre de ces personnes immunisées, il resterait un peu plus de 32 millions de personnes à vacciner, et même moins puisque 2,3 millions de personnes ont déjà reçu 2 doses : c’est même en réalité un peu moins de 30 millions de personnes, soit en nombre de doses, 60 millions de doses à injecter, sans compter que puisqu’au 16 mars, 5,5 millions de français avaient déjà reçus une dose, donc ne nécessitaient qu’une seule dose, cela ne faisait en bonne arithmétique ‘’que’’ 54,5 millions de doses à injecter d’ici fin août pour atteindre une immunité collective de 60 %.

On l’a dit, le rythme de vaccination quotidienne le 16 mars avoisinait la moyenne de 130 000 injections de dose par jour (le chiffre atteignant 169 000 le 19 mars). Et, entre le 16 mars et le 31 août, on l’a déjà dit, il y a 167 jours : à ce rythme, cela représenterait 21,7 millions de doses injectées fin août alors qu’il en faudrait 54,5 millions de doses. Mais avec un rythme actuel de 30 000 personnes contaminées chaque jour, ce pourrait être près de 5 millions de français qui pourraient être immunisés d’ici le 31 août. Petite soustraction : les 54,5 millions de doses à injecter pour atteindre l’immunité collective de 60 % deviendraient un peu moins de 50 millions de doses à administrer. Et pour atteindre ce pourcentage d’immunité collective de 60 % au 31 août, il faudrait donc injecter 300 000 doses par jour. Soit multiplier par un peu plus de deux le rythme actuel. Compte tenu de l’étalement de la montée en puissance, il faudrait sans doute arriver fin août entre 400 et 450 000 injections quotidiennes. Possible ?

À condition qu’on ait les doses, bien sûr, que cerise sur le gâteau, on dispose d’un vaccin supplémentaire n’exigeant lui qu’une seule dose, et que l’objectif atteint seulement,  on s’occupe de vacciner, avec seule une dose, les immunisés ‘’naturels’’ et les 40 % restants de français avec deux doses eux, si l’on veut 100 % de vaccinés…

Petit rappel historique : en 6 mois (1974-1975), l’Institut Mérieux et les autorités brésiliennes ont vaccinés 90 millions de personnes menacées par une épidémie de méningite cérébro-spinale.

Denis Tardy

 

 

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