À POIL
Des ‘’femens’’ protestant torse nu au musée d’Orsay à Paris contre la réaction des gardiens, quelques jours plus tôt, d’interdire l’accès du musée à une jeune femme au décolleté plongeant ; des commerçants, artisans, professionnels libéraux posant nus pour alerter sur leur situation économique catastrophique… Sans remonter aux gaulois qui combattaient nus, force est de constater que la nudité affichée en public redevient dans l’actualité une ‘’arme’’, un instrument de pression à tout le moins. Comme en avril 1974 à Tours ; comme en janvier 1981 avec Coluche. Au reste, le cinéma s’était déjà emparé du phénomène en 2018 avec le film Normandie nue.
La décision des commerçants des Andélys (Eure) de poser nus devant la forteresse de Château-Gaillard du XIIe siècle, début novembre, pour alerter sur leur situation économique dramatique, s’inscrit dans une série d’initiatives du même type, apparues dès le printemps dernier. En avril déjà des hôteliers lançaient le mouvement ‘’#Assurez-nus’’. En avril toujours, une quarantaine d’infirmières et d’infirmiers posaient aussi nus pour alerter sur leur manque d’équipement face à la Covid 19. On pourrait évoquer aussi ce coiffeur du Havre, posant nu avec un sèche-cheveu braqué sur le menton ainsi qu’un pistolet, ou encore la photographe Caroline Gilles dans la mouvance du mouvement ‘’artinasapoil’’ : leur slogan, pour expliquer qu’ils posent nus, « quitte à être mis à poil par le gouvernement et la Covid, je préfère le faire moi-même ». Le raisonnement est aussi court que le vêtement…
Les ‘’femens’’, dès 2008, avaient ouvert la voie, depuis l’Ukraine. Au nom du féminisme dans une logique (?) difficilement compréhensible. Dans un autre registre, celui de la communication, on a également vu éclore les calendriers de joueurs de rugby, posant nus eux aussi (Les dieux du Stade), succès assuré pour le Stade Français. 200 000 exemplaires furent vendus en 2007. Et embrayant sur la vague, le cinéaste Philippe Le Guay mettait en scène dans Normandie nue en 2018 une improbable photo collective des habitants d’un village, nus, pour attirer l’attention sur les difficultés de l’élevage.
Quoi de nouveau sous le soleil ? Le 26 avril 1974, à Toulouse, Jean Royer est en campagne présidentielle. Le maire de Tours, contesté pour ses positions très ‘’ordre moral’’, doit faire face lors de son meeting à une jeune femme qui se met torse nue. Et sept ans plus tard, toujours lors d’une campagne présidentielle, c’est le candidat Coluche qui conclu un meeting, en janvier, nu avec une plume enfoncée dans les fesses.
Jusqu’à présent, on n’a jamais vu les danseuses du Crazy horse se mettre nues pour protester contre leurs conditions salariales.