LECTURE
Librairies fermées (sauf à utiliser ‘’click and collect’’) tout comme la suppression des rayons livres des grandes surfaces risquent de ne pas faciliter la lecture pour les récents convertis à ‘’ce vice impuni’’. Mais c’est un moindre mal au fond : car le confinement concernant surtout les personnes âgées, ces dernières ont souvent chez elles une bibliothèque. Dans laquelle figure peut-être quelques unes des œuvres que l’on a glané sur les sujets d’actualité, le fanatisme, la situation sanitaire, la crise économique.
Honneur en premier à l’immortel La Fontaine. Immortel dans les deux sens du terme : il entra à l’Académie française en 1684 et surtout ses Fables demeurent plus que jamais d’actualité, quand bien même il est mort il y a plus de 300 ans. On pense en particulier aux Animaux malades de la peste bien sûr, la Covid-19 répandant la terreur car si tous n’en meurent pas, bientôt tous pourraient être frappés, pour paraphraser notre cher fabuliste. À réouvrir aussi en ces temps épidémiques, Le Hussard sur le toit de Giono (1951), ou pour les cinéphiles revoir le film qu’en tira Jean-Paul Rappeneau en 1995. Indispensable aussi, et cela a été souvent souligné dernièrement, de reprendre La Peste de Camus, si ce ne fut pas le cas au printemps dernier, ce chef d’œuvre ayant connu un regain des ventes à cette période. À l’inverse de ce roman au formidable succès, un petit bijou méconnu mérite d’être (re)découvert, la pièce en un acte d’Octave Mirbeau L’Épidémie datant de 1898. On l’a trouvé sur Internet (libretheatre.fr).
Le terrorisme omniprésent dans l’actualité peut aussi inciter à la relecture de la pièce de théâtre de Camus, encore lui, ‘’les Justes’’ qu’il fit jouer pour la première fois en 1949 ; et qui n’est pas sans analogie avec Les Mains sales de Jean-Paul Sartre pièce représentée une année auparavant. Vous avez dit concurrence ? Et si l’on remonte dans le temps, le roman d’un autre prix Nobel de littérature, Anatole France, Les dieux ont soif, datant de 1912 évoque admirablement le fanatisme et la perversité des instincts humains à l’époque révolutionnaires de la Terreur.
Quant à la crise économique en marche, elle pourrait nous entraîner à nous tourner vers la littérature nord-américaine, avec Les Raisins de la colère (1939) de John Steinbeck, lui aussi obtint le Nobel ; ou encore On achève bien les chevaux d’Horace McCoy datant de 1935.
Bonnes lectures confinées.