Chronique du jeudi 27 février 2020

 

MAUSOLÉES

 

Romantique à souhait, la photo du président Trump et de son épouse main dans la main au soleil couchant contemplant le Taj Magali dimanche 23 février… Il est beaucoup plus impressionnant ce mausolée indien que celui, de même nature, de l’ancienne impératrice… des Indes, la reine Victoria et de son mari chéri le prince Albert près de Windsor, lui aussi dans l’actualité : il est situé dans le domaine de Frogmore, non loin du cottage qui fut rénové à grand frais pour le prince Harry et son épouse ayant préféré aller habiter ailleurs… Pourquoi dès lors ne pas évoquer un autre mausolée de même type, mais chez nous,  inspiré par un amour fou, celui de Philibert le Beau duc de Savoie dont Marguerite d’Autriche porta le deuil jusqu’à sa mort: l’église de Brou (Ain) et son monastère, désigné ‘’monument préféré des français’’ en 2014 ?

 

Ce n’est pas parce que le président des États-Unis Donald Trump a été subjugué par la vision du Taj Mahal le premier jour de sa visite en Inde que ne furent pas remis sur le tapis dès le lendemain les questions bassement mercantiles d’un futur accord de libre échange, les États-Unis estimant trop déséquilibrés (à leur détriment) le solde des échanges entre les deux pays. Mais auparavant donc, il avait pu contempler, main dans la main avec Mélanie le Taj Mahal, à la lumière rasante de fin de journée, bâtiment emblématique que fit édifier l’empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam. Ce mausolée, de marbre blanc, mobilisa pour sa construction, de 1632 à 1648 (ou 1654), vingt mille indiens et aussi mille éléphants : grâce leur soit rendu à ces braves bêtes. Deux visiteurs de plus au compteur du Taj Mahal,  avec le couple Trump, qui se rajoute aux deux à quatre millions de touristes annuels : dommage que la date de la visite présidentielle n’ait pas coïncidé, à quelques jours près, avec la saint Valentin… dont on suppose que les indiens se fiche comme de l’an quarante.

Et puis dès lors qu’on évoque l’Inde, pourquoi ne pas se remémorer que la reine Victoria fut proclamée impératrice des Indes en mai 1876 ? Point commun avec Shâh Jahân ? Son attachement à son époux, le prince Albert, décédé en 1861, dont elle porta le deuil jusqu’à la fin de sa vie. Et qui l’incita elle aussi à faire édifier un mausolée, réservé à son mari et elle même, plutôt que de se faire inhumer dans un des lieux traditionnels de sépulture de la famille royale comme Westminster. Les travaux du mausolée débutèrent en 1862, dans le domaine de Frogmore, près de Windsor. C’est dans ce domaine, soit dit en passant, que le prince Harry et Meghan Markle devaient emménager dans une résidence restaurée à grands frais… jusqu’à ce qu’ils décident de se séparer de la famille royale.

Mausolée marital toujours, qui n’a rien à voir avec l’actualité mais qui partage avec le Taj Mahal le caractère de monument patrimonial remarquable : on veut parler de l’église du monastère royal de Brou (dans l’Ain), en gothique flamboyant, que Marguerite d’Autriche fit édifier en mémoire de son époux Philibert le Beau, duc de Savoie. Construite entre 1513 et 1532, cette église exceptionnelle accueille son tombeau à côté de celui de son mari. Le tombeau d’une femme exceptionnelle à côté d’un mari qui ne le fut pas…

Il n’existe pas de mausolée pour Catherine II l’impératrice de Russie, mais son très cher compagnon, Grigori Potemkine, bénéficia de la construction d’un arc de Triomphe dans la ville de Lekatinerogradskaïa. Dommage, un mausolée de plus, dédié à l’amour passionné jusqu’après la mort, cela aurait fait une belle fin à cette chronique…

Denis Tardy

 

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