Chronique du jeudi 6 février 2020

 

75 ANS

 

Soixante-quinze ans après sa fin soit à peu près le temps d’une vie humaine) la Seconde Guerre mondiale hante toujours les mémoires et remonte régulièrement à la surface de l’actualité. Comme ces derniers jours en France, en Allemagne, en Pologne, en Israël.

 

On pourra dire qu’ils ont fait preuve de ténacité, les maires de Vichy (Allier) de ces dernières années, Claude Malhuret (1989-2017) et Frédéric Aguilera afin d’obtenir que l’on prohibe l’expression ‘’Régime de Vichy’’, pour désigner la période 1940-1944 en France, expression jugée néfaste à la réputation de la ville. La direction du mémorial de la Shoah de Paris vient en effet d’écrire à la mairie : « Il est temps d’abandonner ces formules… en ayant recours à une autre terminologie… après validation d’un conseil scientifique ». On peut comprendre… mais imagine-t-on un maire de la Capitale exigeant que l’on raye des livres d’histoire l’expression « Commune de Paris » : après tout les communards ont mis la ville à feu et à sang au sens propre… et les gilets jaunes et autres black blocks apparaissent comme des enfants de chœur comparés aux communards.

Autre exemple ces derniers temps de ce passé datant de soixante-quinze ans qui ne passe toujours pas et on ne peut que s’en féliciter : après l’alliance entre la CDU/CSU et l’extrême-droite allemande AfD pour élire le nouveau dirigeant du Land de Thuringe (« acte impardonnable » pour Angela Merkel qui a obtenu la démission de l’intéressé Thomas Kemmerich) nombreux furent ceux qui rappelèrent que c’est en Thuringe que des élus nazis étaient entrés pour la première fois dans un gouvernement régional. Fâcheux bégaiement de l’histoire…

Tout cela dans un contexte où la Chancelière Angela Merkel, toujours elle, a exhorté, le 6 décembre dernier à Auschwitz (elle était le premier chef de gouvernement allemand à s’y rendre depuis 1995) : « Se souvenir des crimes… c’est une responsabilité qui ne s’arrête jamais… c’est inséparable de notre pays… cette responsabilité c’est une part de notre identité nationale ».

Soixante-quinze ans depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, soixante-quinze ans aussi de la libération du camp d’Auschwitz marquée le 27 janvier dernier sur place par le déplacement d’une cinquantaine de dirigeants mondiaux ; et en Israël quatre jours auparavant par la présence d’un aréopage de chefs d’État tout aussi important, censé souscrire à la dénonciation de l’antisémitisme lors du cinquième forum mondial sur la Shoah. Vladimir Poutine en a  profité pour proposer un sommet des cinq dirigeants de pays détenant un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, ceux qui ont vaincu l’Allemagne (Russie, États-Unis, France, Royaume-Uni, Chine) afin de « défendre la paix ». Pourquoi pas ? Et pourquoi pas aussi en fixer la date, le 23 août par exemple, date anniversaire de la signature du Pacte germano-soviétique en 1939 ?

Denis Tardy

 

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