Chronique du jeudi 26 décembre 2019

 

CENT ANS

 

Pierre Soulages ouvre la voie à cette chronique, lui qui est né il y a exactement cent ans et dont les œuvres ont fait le tour du monde alors que né à Rodez, il vit et travaille toujours dans ce coin de France… Malicieusement, on est allé faire un petit tour sur ce qui se passait il y a cent ans précisément : Liban, Syrie, Ukraine et même le constructeur aéronautique Boeing défrayaient la… chronique fin décembre 1919/début janvier 1920. Comme aujourd’hui.

 

À quelques jours près, l’artiste Pierre Soulages, né le 24 décembre 1919, aurait pu ‘’connaître’’ Auguste Renoir, lui aussi un géant de la peinture, décédé le 3 décembre précédent, à 78 ans. Picasso avait atteint les quatre-vingt-onze ans. Soulages dépasse donc les cent ans, mais pas la cote de Picasso qui ces dernières années se chiffre en dizaines voire centaines de millions de dollars l’œuvre.

Fin 1919 début 1920 donc, l’actualité de l’époque renvoie curieusement à celle d’aujourd’hui : l’Armée rouge s’empare de la ville d’Ekaterinoslav (aujourd’hui Dnipro), achevant son occupation du sud de l’Ukraine ; bis repetita de nos jours avec l’annexion russe de la Crimée (2014) et la guerre du Donbass à l’est de l’Ukraine ; le récent sommet quadripartite de Paris (Russie, Ukraine, Allemagne et France) début décembre n’a pas fait beaucoup avancer les choses.

Six janvier 1920, Georges Clémenceau, président du Conseil et Fayçal ibn Hussein signent un accord (secret) établissant un protectorat français sur le Liban ; le traité de Sèvres confirmera un mandat de la France sur la Syrie et le Liban, mais il faudra trois ans à l’armée française pour mettre fin aux résistances locales. Et en cette fin décembre 2019, le Liban est en proie de nouveau à des violences, à un soulèvement populaire qui n’a pas été enrayé par le changement de Premier ministre. Si le contexte actuel n’a pas grand chose de comparable avec celui de 1919-1920, l’aspiration de la population apparaît bien la même : en finir avec la désignation de dirigeants dans des conditions obscures, où elle n’a pas son mot à dire.

Vingt-sept décembre 1919 : premier vol d’un hydravion conçu par William E. Boeing, destiné au fret et à l’acheminement du courrier. C’est le premier appareil commercial de Boeing, quand bien même il ne sera construit qu’à un seul exemplaire ; le 737 Max lui, qui met en péril la firme, a été produit à 800 exemplaires, la moitié livrés mais cloués au sol, l’autre moitié en attente de livraison chez Boeing ; on aura garde d’oublier que ce 737 Max représente 80 % du carnet de commande du constructeur. Faire redécoller Boeing, ce sera la tâche des nouveaux dirigeants de la société. Alors que le concurrent européen Airbus vient d’annoncer avoir dépassé le cap des 1 000 commandes enregistrées depuis janvier, en moins d’un an donc.

Denis Tardy

 

Retour