LEVER
Attention, ne pas confondre : lever une quelconque partie du corps humain n’a rien à voir avec une pratique sportive régulière que nos compatriotes devraient pratiquer pour se maintenir en bonne santé. Autrement dit, ainsi que l’actualité l’a montré ces derniers jours, lever le coude (pour des verres d’alcool), lever le pied (en conduisant), lever la main (synonyme de violences faites aux femmes), autant de comportements à prohiber. Au reste, au gouvernement et dans la ‘’société civile (?)’’, on part en guerre contre de tels comportements, inadmissibles en effet, en levant le doigt pour avertir les fautifs si l’on ose écrire. En revanche, rien à dire aux sportifs qui lèvent les bras pour célébrer leur victoire. À condition qu’ils ne soient pas… dopés.
La gestuelle corporelle n’échappe pas à une société de plus en plus normative. Pour autant on ne saurait déplorer que lever la main sur une femme jusqu’à l’assassiner, ainsi que l’a de nouveau évoqué un documentaire télévisé il y a quelques jours à propos d’un chanteur meurtrier en 2003, soit mis au ban.
L’injonction lever le pied aussi est à l’ordre du jour, avec la limitation de vitesse à 80 km/h qui devait pouvoir être modulée par les conseils départementaux sans que ces derniers, qu’on le sache, se soient départis d’une extrême circonspection sur le sujet. Au reste, c’est plutôt sur le respect de la règlementation des poids des véhicules sur les ouvrages d’art que l’attention a été attiré ces derniers jours avec l’effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn.
Toujours dans l’actualité, ce sont ceux qui ont tendance à trop lever le coude, et la proposition d’une campagne fortement incitative pour un mois sans alcool après les fêtes de fin d’année, qui a provoqué quelques vagues.
Quant au président de la République en déplacement dans sa région natale amiénoise, il n’a pas hésité à lever et pointer le doigt envers les ‘’corporatistes’’ qui le 5 décembre prochain en investissant la rue ne songent en fait qu’à préserver selon lui des régimes spéciaux de retraite de favorisés qui empêcheraient la mise en place d’un système unique de retraite plus égalitaire.
Et puis, il y a tous les sportifs qui comme à l’habitude aiment à célébrer publiquement leur victoire en levant les bras ; ils furent bien sûr quelques uns dans ce cas ces derniers temps. Reste à savoir si, pour ceux qui se sont laissés tentés par l’utilisation de substances illicites (des athlètes français ont été dans ce cas il y a quelques jours), lever les bras apparaît bien approprié.
Nous, dans ce cas, les bras nous en tombent.
Denis Tardy