Chronique du jeudi 17 octobre 2019

 

RECORDS

 

Une nouvelle fois avec le marathon couru par Eliud Kipchoge en moins de deux heures, l’amélioration continue des records sportifs interroge : dans le cas de l’athlète kenyan, c’est pratiquement une heure de moins qu’il y a un siècle ! Il en est de même dans les autres disciplines sportives : toujours en un peu plus d’un siècle, les sauteurs à la perche ont quasiment doublé la hauteur franchie, de 3,30 à 6,16 mètres ; ou bien encore pour le record de l’heure cycliste, la distance maximale parcourue, de 35 kilomètres en 1893 s’établit à 55 kilomètres de nos jours. Sans oublier le 100 mètres en athlétisme, couru en 1912 à 33,96 km/h, aujourd’hui à 37,58km/h. À corps vaillants, rien d’impossible ?

 

Dans le sport aussi il existe des chiffres repères chargés de symbolisme : courir le 100 mètres en moins de 10 secondes, sauter plus de 6 mètres à la perche, parcourir plus de 50 kilomètres en une heure à vélo… ou bien encore terminer un marathon en moins de deux heures de temps. C’est ce que vient de réaliser l’athlète kenyan Eliud Kipchoge il y a quelques jours, certes dans des conditions optimales empêchant que son record soit homologué. Il n’empêche qu’en 1896 lors des premiers Jeux olympiques, Spyrídon Loúis avait eu besoin de près de trois heures (2 heures 58 minutes). On relèvera que le lendemain de l’exploit de Kipchoge, Brigid Kosgei abaissait de plus d’une minute le précédent record du marathon féminin datant de 2003. Elle aussi est kenyane.

Marquante également l’évolution en saut à la perche : un certain William Hoyt franchit 3,30 mètres aux Jeux olympiques de 1896. Quatre ans plus tard apparaissent les perches en bambou, puis en aluminium vers 1940, enfin dans les années 1960 les perches en fibre de carbone. Ces progrès techniques expliquent-ils seuls que l’actuel record du monde (établi par un français, Renaud Lavillenie en février 2014) soit avec 6,16 mètres, quasiment le double de la hauteur franchie en 1896 ?

On reste à la fin du XIXº siècle avec Henri Desgrange (le créateur du Tour de France) qui en 1893 parcourt à vélo 33,325 kilomètres en une heure. La ‘’barre’’ des 50 kilomètres, ce sera le coureur cycliste allemand Jens Voigt qui la dépasse en septembre 2014 avec 51,115 kilomètres. Et en avril dernier, un belge, Victor Campenaerts parcourra 55,089 kilomètres à Aguascalientes au Mexique. Pas tout à fait deux fois plus qu’Henri Desgrange.

Quant au 100 mètres discipline-reine de l’athlétisme, c’était la limite des moins de 10 secondes pour le courir qui en obsédait plus d’un. Jim Hines décroche le gros lot, aux Jeux olympiques de Mexico en octobre 1968 avec 9,95 secondes, temps mesuré au chronomètre électronique. En 1912 (et sans starting blocks qui n’apparaîtront qu’en 1937) le meilleur temps s’établissait à 10,6 secondes. L’actuel record est de 9,58 secondes (Usain Bolt en 2009). Si les progrès, exprimés en secondes et centièmes de secondes semblent minimes à première vue, on mesurera mieux le chemin parcouru avec la vitesse moyenne atteinte par les athlètes : 33,96 km/h en 1912, 37,58 km/h en 2009.

Faut-il envisager que, comme pour l’écureuil du blason de Fouquet le ministre du XVIIº siècle complété par la devise « Jusqu’où ne montera-t-il pas ? », il n’y ait pas de limite à l’amélioration des records sportifs ? Comparaison n’est pas raison, mais Fouquet on s’en souvient vit son ascension interrompue en 1661 par Louis XIV. Les arbres des records ne monteront peut-être pas jusqu’au ciel…

Denis Tardy

 

Retour