MANIFESTATIONS
Si comparaison n’est pas raison, le rapprochement venant à l’esprit entre les manifestations qui ponctuent depuis de nombreux mois la vie en France, à Hong Kong, en Algérie ne manque pas d’intérêt, ne serait-ce qu’au plan des méthodes mises en œuvre : la répétitivité sur une longue période avec des rendez-vous hebdomadaires, le rôle des réseaux sociaux, l’absence de structuration des mouvements… et leur caractère concomitant, comme l’histoire nous a déjà habitué avec le Printemps arabe (2010-2012), les révolutions des Couleurs ou des Fleurs (2003-2006), voire le Printemps des peuples en 1848.
Le 13 septembre dernier, en Algérie et spécialement dans sa capitale, le pays a connu son trentième vendredi d’’’Hirak’’, de manifestations monstres pour dire non à la continuation d’un système politique clanique. Et pourtant, le président Abdelaziz Bouteflika avait lâché du lest en quittant le pouvoir début avril.
Le 13 septembre aussi, les habitants de Hong Kong, profitant de fêtes traditionnelles, sont une nouvelle fois descendus dans la rue, en masse et lumières à la main. Les manifestations, rassemblant des centaines de milliers, parfois plus d’un million de personnes, reviennent comme la marée depuis le 31 mars. Et pourtant le projet de loi prévoyant la possibilité d’extradition des citoyens de Hong Kong pour être jugé en Chine continentale a été annoncé comme ‘’mort’’ par le chef de l’exécutif Carrie Lam le 8 juillet.
Pour le 14 septembre, le mouvement des gilets jaunes annoncait son ‘’acte 44’’, spécialement à Nantes situé en Loire-Atlantique (département qui porte le numéro 44 dans la nomenclature administrative). Et pourtant l’organisation d’un ‘’Grand débat’’ censé répondre aux attentes des manifestants a mobilisé le président de la République des semaines durant, et des mesures budgétaires d’ampleur, se chiffrant en milliards d’euros ont été décidées.
On n’a pas vu, que l’on sache, des manifestants de Hong Kong à Alger ou en France, des gilets jaunes ou des algériens à Hong Kong… L’ Internationale de la lutte finale, ce serait définitivement ‘’ancien monde’’ ? Pas vraiment, non, car ce dernier phénomène de poussée des peuples sous une forme comparable en France, Algérie, Hong Kong renvoie, si l’on ose écrire, à une tradition ancestrale, celle du Printemps des peuples de 1848, les populations des pays européens s’enflammant en Autriche, Italie, Allemagne, Hongrie, Pologne… Ancien monde ou pas, la tradition perdure, ainsi qu’en ont témoignées il n’y a pas si longtemps les révolutions des Couleurs ou des Fleurs (2003-2006) en Georgie, Ukraine, Kirghizistan, Bielorussie voire Liban, ou bien encore le Printemps arabe (2010-2012).
Vous avez dit prolétaires numérisés de tous les pays unissez-vous ?
Denis Tardy