DÉCROCHAGES
Jean-Michel Blanquer vient tout juste d’en finir avec la rentrée scolaire, traditionnel terrain de jeu de la contestation des ministres de l’Éducation nationale. Celle de 2019-2020 n’a pas échappé à la règle, d’autant qu’une réforme d’importance était à l’ordre du jour… et donc fut la cible d’attaques virulentes. En revanche, la lutte contre le décrochage scolaire n’a pas été beaucoup évoquée lors de cette rentrée : parce qu’elle commence à porter ses fruits ? Décrochage encore dans l’actualité, mais des… portraits du président de la République : près de cent trente de ces portraits ont été subtilisés depuis février dernier et il y a quelques jours, les premiers ‘’décrocheurs’’ étaient jugés à Lyon. Autres décrochages ces derniers jours, ceux des bourses, spécialement de Londres (Brexit oblige) et de Hong Kong (liés aux manifestations monstres). Quant aux décrochages des Boeing 737 Max et leurs terribles conséquences, ils vont, a-t-on appris récemment, aboutir à ce que Airbus redevienne le numéro 1 mondial en 2019. Et puis à la Grande halle de la Villette, l’exposition Toutankhamon s’apprête à être décrochée.
Bonne nouvelle en cette période de rentrée scolaire: la lutte contre le décrochage scolaire commence à produire des effets. En chiffres, d’après le ministère de l’Éducation nationale, si en 2011, cent-quarante mille jeunes sortaient du système scolaire sans qualification, ils n’étaient plus que quatre-vingt dix-huit mille en 2016, quatre-vingt mille fin 2017. Une évolution conforme à celle des pays européens, notre pays pointant d’après Eurostat en meilleure position que l’Allemagne et faisant mieux que la moyenne européenne. De là à imaginer que tous les décrocheurs potentiels vont décrocher leur bac…
Décrochage aussi dans l’actualité avec ces hurluberlus qui s’étaient jurés en février dernier de décrocher des portraits d’Emmanuel Macron dans les bâtiments officiels afin d’alerter sur sa prétendue inaction contre le réchauffement climatique. Leur objectif ? Décrocher cent vingt-cinq portraits, autant que le nombre de jours durant lesquels la France dépasse par ses prélèvements de ressources naturelles le renouvellement naturel de ces mêmes ressources. Au total, cent vingt-huit portraits auraient été décrochés, et à Lyon la semaine dernière, deux ‘’décrocheurs’’ étaient jugés. Le verdict pour ceux qui se présentent comme des ‘’faucheurs’’ (fils spirituels de José Bové ?) sera rendu le 16 septembre. S’il n’y a pas… d’anicroches…
Le London stock exchange (Bourse de Londres), deux cent quarante-trois ans d’âge, connait une activité chahutée ces derniers jours, et l’on peut prédire que cela va durer : les décrochages de ses indices renvoient au scénario du Brexit, meilleure « série » de l’actualité dont les saisons ne cessent de se succéder. Avec une succession de ministres, premier ou pas, qui raccrochent… À Hong Kong aussi, les décrochages de la bourse sont corrélés, eux, depuis trois mois, avec les manifestations visant ni plus ni moins qu’à faire plier la deuxième puissance mondiale. En s’accrochant aux clauses de la rétrocession de juillet 1997.
L’action du constructeur aéronautique Boeing cotait 384,10 $ le 17 avril dernier, 357,68 $ le 4 septembre. Deux crashs, le 29 octobre 2018 et le 10 mars dernier, avec l’effroyable bilan de trois cent quarante-six morts, ont entrainés la suspension de vol des Boeing 737 Max. En cause un système baptisé MCAS, pour éviter les décrochages de l’avion. Six mois après, Boeing ne voit pas le bout du tunnel, l’Autorité fédérale américaine de l’aviation civile ayant repoussé début septembre à plusieurs semaines la conclusion de son rapport sur la certification des 737 Max. En tout cas, d’ores et déjà, le concurrent Airbus (890 livraisons prévues en 2019) est assuré de… décrocher la médaille de premier constructeur mondial.
Le décrochage de l’exposition Toutankhamon à la Grande halle de la Villette à Paris est prévu pour le 22 septembre prochain. Mais on a appris début septembre que sa fréquentation en faisait l’exposition la plus visitée de France (1,3 millions de visiteurs depuis le 23 mars). Prochaine étape de l’expo : Londres, du 2 novembre au 3 mai 2020. Au fait, le 2 novembre ? Deux jours après le Brexit annoncé par Boris Johnson. S’il n’y a pas de report de ce Brexit, on plaint par avance les douaniers chargés de contrôler le transit des cent cinquante objets…
Denis Tardy