Chronique du jeudi 16 mai 2019

 

EXPATRIÉS

 

Les français de l’étranger voteront pour les élections européennes à partir du 25 mai (continent américain, Caraïbes) puis le lendemain pour ceux du reste du monde. Mais le nombre d’inscrits ne reflète pas la réalité du nombre de nos concitoyens expatriés ou binationaux. Avec environ 1 800 000 inscrits au registre des français établis hors de France en 2017, les 150 000 français recensés au Royaume-Uni par exemple étaient loin de correspondre aux 300 000 à 400 000 français établis à Londres d’après le consulat… Et depuis l’an 2000, le nombre d’expatriés augmenterait de 2 à 3 % par an. Pas seulement dans les pays de l’Union européenne : à Hong Kong autre exemple, les français seraient entre 25 000 et 30 000, beaucoup plus que les anglo-saxons et les 4 000 allemands.

Sûr que le Brexit ne concerne pas que les citoyens britanniques mais aussi de nombreux français : des joueurs de football bien évidemment, très nombreux à jouer dans le championnat Premier league qui lors de la dernière journée le 13 mai étaient quatorze sur les feuilles de matches… si l’on rajoute ceux qui ne jouaient pas, on peut porter un nouveau regard sur la domination des équipes anglaises dans les compétitions européennes cette année, l’équipe nationale, elle, n’ayant jamais été championne d’Europe. Si 300 000 à 400 000 français vivent à Londres comme l’estime le consulat de notre pays (chiffre très éloigné des moins de 100 000 estimés par l’Office for national statistics et des 127 837 inscrits pour toute la Grande-Bretagne au registre des français de l’étranger), doit-on en déduire qu’il pourrait y avoir un demi-million de français en Grande-Bretagne ?

Ils sont donc un peu moins de deux millions, ces français expatriés, à être inscrits sur les listes électorales : précisément 1 821 519 au 31 décembre 2017, répartis en onze circonscriptions législatives. Lors du deuxième tour de la dernière élection présidentielle, il y eu seulement 556 000 votants, autrement dit, non seulement les français expatriés sont très loin d’être tous inscrits sur les listes électorales, mais en plus, ils s’abstiennent très massivement. Pour les élections européennes de 2014, le million de ‘’français hors de France’’ alors inscrits d’après le ministère de l’Intérieur furent moins de 11 % à voter.

Autre exemple souligné récemment par les médias, le cas de Hong Kong : alors que le nombre d’américains et de canadiens baissent depuis 10 ans, celui des français a doublé, atteignant 25 000 à 30 000 personnes, plus que les britanniques eux-mêmes dont Hong Kong était leur colonie il n’y a pas si longtemps !

La difficulté à trouver des statistiques fiables sur le nombre de français vivant à l’étranger proviendrait des binationaux, qui pourraient en représenter près de la moitié. Autrement dit on n’est pas près de pouvoir établir une ‘’balance’’ type balance commerciale entre les migrants souhaitant venir s’installer en France et les expatriés, ceux qui la quittent…

On en restera donc aux approximations, soit entre 2,5 et 3,5 millions de français vivant temporairement ou définitivement à l’étranger. Et on pourra rappeler qu’au XIX° siècle déjà, les savoyards émigrèrent massivement (entre 10 à 15 % de la population du duché), pas seulement en France et Afrique du nord, mais aussi au Canada, aux États-Unis, au Mexique et en Argentine, 4 000 savoyards s’établissant dans ce pays entre 1860 et 1914. Une émigration pour le moins dépaysante !

Denis Tardy

 

 

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