Chronique du jeudi 28 mars 2019

 

MARXISME

 

Sous le pseudonyme d’André Hébert, un jeune français militant internationaliste vient de publier Jusqu’à Raqqa, témoignage de son engagement aux côtés des forces armées kurdes en Syrie pour lutter contre l’État islamique. Dans une démarche qui n’est pas sans rappeler celle de Régis Debray dans les années 1960 en Amérique latine voire celle des Francs-tireurs et partisans de la main d’oeuvre étrangère (FTP-MOI) du groupe ‘’Manouchian’’ durant la Seconde Guerre mondiale ou encore celle des brigadistes internationaux durant la guerre d’Espagne (1936-1939).

André Hébert raconte dans son livre-témoignage paru récemment ses quinze mois de combat (à partir de 2015, en deux temps) avec les YPG (unités de défense du peuple kurde) au sein du Bataillon international de libération composé d’un millier de volontaires de toutes nationalités, contre les djihadistes de l’État islamique. Un témoignage précieux sur ces combats où d’autres français ont trouvé la mort les armes à la main. Mais qu’on ne s’y trompe pas, les raisons de son engagement sont à rechercher dans l’idéologie marxiste-internationaliste, en soutien au projet révolutionnaire instauré par les kurdes au Rojava.

Tout se passe comme si André Hébert ‘’était entré dans la carrière quand ses aînés n’y étaient plus’’ : on pense, même si comparaison n’est pas raison, à son glorieux ancien Régis Debray, lui aussi marxiste (il milite à l’Union des étudiants communistes au début des années 1960) qui part rejoindre Cuba en 1965, avant de suivre Che Gevara en Bolivie participant à la tentative de création de guérilla dans ce pays. Capturé par l’armée gouvernementale en 1967, Debray on s’en souvient, écope de trente ans d’emprisonnement, il en fera presque quatre. Lui aussi racontera dans plusieurs livres son engagement.

Marxistes et internationalistes, les membres du groupe ‘’Manouchian’’ aussi l’étaient, dans notre pays durant la Seconde Guerre mondiale. Le combat de ces étrangers engagés dans la Résistance française contre l’occupant a été popularisé par le film L’Affiche rouge sorti en 1976. Parmi les vingt-trois membres du groupe exécutés le 21 février 1944, il y avait huit polonais, cinq italiens, trois hongrois, deux arméniens, un espagnol ; une roumaine du groupe fut décapitée en Allemagne en mai 1944.

Et le Bataillon international de libération auquel a appartenu André Hébert apparait dans la droite ligne marxiste-internationaliste des Brigades internationales qui se sont battues au côté des Républicains durant la guerre civile espagnole de 1936 à 1938. Venus de plus de cinquante pays, ces volontaires anti fascistes ont été plus de trente mille à se mobiliser dont on estime que la moitié sont morts au combat. Les brigadistes français, au nombre de neuf mille, constituèrent le plus fort contingent.

« Proletarier aller Länder, vereinigt euch ! » : Marx toujours pas mort ? Une idéologie qui entraine des personnes à se faire tuer pour la défendre est-elle morte ?

Denis Tardy

 

 

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