BRUT(E)S
Innovation sémantique du ministre de l’Intérieur lors de la présentation du projet de loi pour réprimer les violences lors de manifestations : il s’agit de s’attaquer aux brutes, qui remplacent donc les casseurs pour Christophe Castaner. Des manifestations, il y en a eu aussi au Vénézuela contre le régime chaviste, celui qui a réussi, avec les plus importantes réserve de brut (on parle de pétrole) à mettre sur la paille le pays et ses habitants. Quant au récent film consacré au Facteur Cheval L’Incroyable Histoire du facteur Cheval, il braque à nouveau les projecteurs sur l’art brut cher à Jean Dubuffet. Et les récentes statistiques publiées par l’INSEE, elles, actent la croissance du Produit Intérieur Brut à 1,5 %. Faut reconnaitre, l’actualité la semaine dernière, « c’était du brutal », aurait dit Bernard Blier.
« Une petite minorité de brutes sévissent partout en France n’écoutant que leur soif de chaos » a expliqué à l’Assemblée Nationale le ministre de l’Intérieur défendant le projet de loi destiné à lutter contre les épisodes d’ultra violence lors de manifestations. Qui, jusqu’à nouvel… ordre, ne sont pas du fait des forces de l’ordre : qu’on sache, ce ne sont pas gendarmes et policiers qui cassent. Et qu’on sache aussi, ce n’est pas pour organiser un concours de Jeu à la provençale place de l’Étoile à Paris que des manifestants emportent avec eux des boules de pétanque. Si les manifestations de ‘’gilets jaunes’’, à l’arrivée, se soldaient par des démonstrations non violentes, cela se saurait. On peut vouloir détourner la question en incriminant des violences policières et s’enflammer contre des lois dénoncées comme liberticides, les faits sont têtus.
Au Vénézuela aussi, la brutalité n’a jamais été très loin dans la gestion des affaires publiques ; mais également dans l’économie très dépendante du… brut. Producteur mondial majeur de pétrole, le Vénézuela n’a pas su pour autant utiliser les recettes considérables d’exportation d’’’or noir’’ pour développer l’économie du pays. Et la ‘’révolution bolivardienne’’ d’Hugo Chavez, prolongée par Nicolás Maduro n’a rien arrangé, jusqu’à conduire jusqu’à la situation actuelle où Juan Guaido pourrait succéder à Nicolás Maduro à la tête d’un pays dont le Produit Intérieur Brut a reculé de 40 % en quatre ans et où la production de brut est passé de 2,3 millions de barils/jour en 2015 à 700 000 aujourd’hui. Des chiffres brutaux.
Brut toujours, dans l’actualité, mais avec l’art : la sortie récente d’un film sur la vie du Facteur Cheval, architecte-constructeur du fantastique ‘’Palais idéal’’ d’Hauterives, offre l’opportunité de revenir sur la conceptualisation du peintre Jean Dubuffet, l’Art brut, dès 1945, pour désigner les productions de personnes exemptes de culture artistique. « Le vrai art », écrivait-il en 1961, « est toujours là où on ne l’attend pas. Là où personne ne pense à lui ni ne prononce son nom… L’art est un personnage passionnément épris d’incognito ».
Retour à l’économie et à la baisse… brutale de la croissance économique en France, autrement dit de l’augmentation du Produit Intérieur Brut annoncée par l’INSEE à +1,5 %, alors que l’an dernier ce chiffre s’établissait à +2,3 %. Pour une fois l’Allemagne est sur la même ligne avec une croissance de 1,5 % en 2018, et un gouvernement ne prévoyant que 1,6 % en 2019, le FMI ne tablant même que sur 1,3 % le 21 janvier dernier.
Il y a exactement 100 ans, en 1919 à Parme, naissait Lino Ventura. En 1963, il devenait quasiment immortel en répliquant, dans le film Les Tontons flingueurs à Bernard Blier : « J’ai connu une polonaise qui en buvait au petit déjeuner ». Bernard Blier avait en effet concédé : « Faut reconnaitre, c’est du brutal ». Comme l’actualité la semaine dernière.
Denis Tardy