Chronique du jeudi 1er novembre 2018

 

ÎLES

 

S’ils n’ont pas pris la Route du Rhum, ils n’en étaient pas moins de sacrés marins les Mathieu Martin de Chassiron et Michel Dubocage, qui nous ont acquis l’île de la Passion devenue Clipperton, ou bien Yves-Joseph de Kerguelen à qui l’on doit les îles de la Désolation devenues éponymes, ou encore Julien Crozet qui prit possession pour la France des cinq îles de l’archipel portant son nom, sans oublier les autres explorateurs maritimes qui ont rendus la France, avec tous ses « confettis » de quelques kilomètres carrés et le plus souvent dépourvus d’habitants, la deuxième plus importante puissance mondiale par son espace maritime. Ils sont loin d’avoir la taille de la Nouvelle Calédonie, tous ses ilots, ils n’en méritent pas moins qu’on rappelle qu’ils existent… et pourraient rapporter gros.

La Nouvelle Calédonie (une île) avec son référendum, Porquerolles (une île aussi)  et ses plages envahies par des boulettes de pétrole, l’île Rouzic (au large de Perros-Guirec) où s’est échoué le bateau de Willy Bissainte l’un des concurrents de la Route du Rhum : les îles sont omniprésentes dans l’actualité ces derniers jours. Ce qui offre l’opportunité d’évoquer tous ses « ilots-confettis » que notre pays possède, le plus souvent minuscules et inhabités ; on n’évoque pas bien sûr la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion, la Corse ou Tahiti.

Parmi cet ensemble disparate, regroupé par notre administration en districts des TAAT (comprenez Terres Australes et Antarctiques Françaises), la dernière législation les concernant datant du 1er janvier 2016), on peut commencer par évoquer les biens nommées îles Éparses  dans l’océan Indien: elles sont situées autour de Madagascar, qu’il s’agisse d’Europa
(30 km2), de Bassas da India (0,2 km2 submergée à marée haute), de Juan de Nova (4,80 km2), de l’île Grande Glorieuse (7 km2), de l’île du Lys (600 m. de diamètre), de l’île Tromelin (1 km2). Il semblerait que quinze militaires dont un gendarme se relaient tous les quarante-cinq jours sur les principales de ces îles Éparses.

Après les îles Eparses, celles de Kerguelen. Sans habitants permanents, elles n’en sont pas moins comparables, par leur superficie, à la Nouvelle Calédonie ou encore à la Corse (plus de 7 200 km2). Un leader de la droite propose régulièrement d’en faire un bagne pour djihadistes…

L’archipel Crozet lui (352 km2) regroupe cinq îles aux noms évocateurs : celle des Cochons, celle des Pingouins, l’ilot des Apôtres, l’île de la Possession, l’île de l’Est. On n’y dénombre aucun habitant.

Quant aux îles Saint-Paul et Nouvelle Amsterdam (8 km2 pour la première, 58 km2 pour la seconde), elles n’ont pour habitants que quelques dizaines de membres d’équipes scientifiques.

L’intérêt de la possession par la France de tous ses ilots ? La convention dite de Montego bay signée le 10 décembre 1982, qui fixe une zone économique exclusive de 200 miles (370 km) autour des frontières maritimes d’un état. Avec ce cadre, notre pays possède la deuxième zone économique exclusive du monde, après celle des États-Unis, de 10 165 km2. Or il se trouve qu’un poisson, le légine, très présent autour des îles des TAAT, très prisé au Japon et aux États-Unis, est vendu autour de 30 € le kg, à comparer aux 11 € pour le saumon.

Denis Tardy

 

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