Chronique du jeudi 30 août 2018

 

GAULOIS

 

Sûr qu’ayant disparus depuis pas loin de 2 000 ans, les gaulois ne peuvent pas protester contre l’injuste procès que leur a fait notre président de la République en les qualifiant de réfractaires au changement ; alors que leurs nombreuses inventions et innovations en ont fait, à leur époque, des pionniers des sciences et techniques appliquées. En tout cas, de tels propos ignorant la réalité historique constituent un bien mauvais message pour les écoliers en pleine rentrée scolaire : déjà que l’enseignement de l’histoire ne fait pas partie des priorités, si en plus ils se trouvent désinformés par le chef de l’État…

Qu’on se le dise, et qu’on le fasse savoir à l’Élysée, les gaulois, qui occupaient une grande part du territoire de l’actuelle France et une partie de la Belgique il y a un peu plus de 2 000 ans furent de formidables inventeurs. Et ils diffusèrent leurs inventions comme en témoignèrent des romains, Caton l’ancien et Pline en tête. Ils étaient donc très loin d’être réfractaires au changement. Petit rappel : en cette période de vendanges, on se plaira à souligner que les gaulois ont inventé le tonneau, mais aussi en matière agricole la faux, le soc d’araire (pour semer) et même la moissonneuse, autrement dit une grande caisse supportée par des roues dentelées poussée par un animal de traction pour récolter les céréales ; on leur doit aussi le matelas en laine, plus confortable qu’une paillasse, les chaussures en cuir souple, les ancêtres des ciseaux (forces), le couteau à lame repliable, le savon, la charcuterie, l’épingle de nourrice (fibule) et plus généralement de nombreux produits métallurgiques… Pas de quoi donc en faire des réfractaires au changement.
On aurait aimé que l’opposition, plutôt que de faire des déclarations sur le mode « mépris des français » par rapport à la sortie du président de la République, s’installe dans le registre humoristique (après tout invoqué par Emmanuel Macron pour ses propos) et s’indigne de son travestissement de l’histoire des gaulois. Après tout, le président du parti républicain, reçu premier à l’agrégation d’histoire en 1997, et de plus élu de la région Auvergne où trône, place de Jaude à Clermont-Ferrand l’inoubliable statue de Vercingétorix, aurait été le mieux placé pour le faire. Et pour expliquer que nos ancêtres ne sont pas les gaulois.

Denis Tardy

 

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