Chronique du jeudi 12 juillet 2018

 

BLEU

 

La couleur bleu s’avère tendance ces derniers jours : avec le bleu de l’été tout d’abord (pas celui de la chanson de John William du film Alamo de 1960) mais climatique tout simplement, le temps étant sans nuages ni précipitations ; avec aussi le bleu du maillot de l’équipe de France de football qui, alors que l’on écrit ces lignes, était encore portée au pinacle ; avec le bleu horizon enfin, celui des uniformes des combattants français de la Première Guerre mondiale dont il serait étonnant qu’en cette année du centième anniversaire de la fin des combats, il ne soit pas porté par des soldats lors du défilé du 14 juillet.

Franc soleil pour les premiers départs en vacances : c’est le bleu de l’été, assorti, pour ceux qui vont au sud, à la couleur de la Méditerranée, la ‘’Grande bleue’’. Une Grande bleue qui va voir se croiser, si l’on ose écrire, les touristes du nord qui vont au sud et les migrants du sud qui veulent aller au nord…

Bleu c’est aussi (quand elle ne joue pas en blanc) la couleur des maillots de l’équipe de France de football. D’où leur nom, à ces footballeurs, qui avec leur victoire contre la Belgique en 1/2 finale de Coupe du monde (on aura compris que ces lignes sont écrites avant le résultat de la finale) ont déjà fait une bonne partie du chemin : ils sont assurés de toucher une prime de 280 000 €, éventuellement 300 000 € s’ils sont champions du monde. De l’argent provenant de la dotation de la FIFA accordée aux pays en fonction des parcours de chaque équipe, pas du budget de l’État, quand même.

Bleu horizon, c’était la couleur de l’uniforme des poilus de la Première Guerre mondiale; et en cette année du centenaire de la fin des hostilités déclenchées au nom de la ‘’Ligne bleue des Vosges’’, celle à qui « l’on pensait toujours sans en parler jamais », comprenez l’objectif de reconquête des provinces perdues (Alsace et une partie de la Lorraine) lors de la guerre de 1870-1871, cent ans après donc, il serait étonnant que ne défilent pas sur les Champs-Elysées des soldats en bleu horizon.

Et pendant ce temps en cet été 2018, les casques bleus, en différents points de la planète (notre terre, parfois surnommée la planète bleue), peinent à éteindre les conflits. Et les troupes françaises engagées en Afrique ont encore perdu un soldat, dans un crash d’hélicoptère, le vingt-troisième depuis le début de l’opération Barkane, soit autant que le nombre de footballeurs d’une équipe sélectionnée en Coupe du monde. L’annonce de la mort du lieutenant Alexandre Arnaud, 25 ans, en pleine vague de réjouissance suite à la qualification de l’équipe de France pour la finale de la Coupe du monde de football a mobilisé quelques secondes de temps d’antenne des médias, à comparer aux dizaines voire aux centaines de minutes consacrées aux footballeurs.

Pas de doute, les héros d’aujourd’hui ne sont plus ceux qui l’était hier.

Denis Tardy

 

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