CHIENS
L’île Dingy à quelques miles au large de Karachi n’est peuplée que de chiens errants, nourris occasionnellement par des pêcheurs. À Tchernobyl, dans la zone interdite, une fondation américaine se préoccupe d’un millier de chiens livrés à eux-même. Et en Espagne, des dizaines de milliers de ‘’Galgos’’ (lévriers) sont torturés et massacrés chaque année. Indécent de se soucier du sort de chiens martyrs alors que des milliers ou plutôt des dizaines de milliers de migrants connaissent le sort que l’on sait ? Voire…
Le 24 juin, puis le lendemain, l’AFP s’intéressait aux chiens du Pakistan, ensuite à ceux de Tchernobyl (Ukraine). Au Pakistan, plus particulièrement à Karachi où vivent 35 000 chiens errants (et 16 millions d’habitants) de vastes campagnes d’empoisonnement sont régulièrement organisées. Et dans les îles situées à quelques encablures de la mégopole portuaire, des centaines de chiens échappent au massacre ; ils sont les seuls habitants de ces îlots inhospitaliers où ils ne survivent que grâce à ce que leur apporte des pêcheurs. L’un d’eux, Abdul Aziz, qui avec Mohammad Dada, nourrit ces chiens comme il peut a expliqué à l’AFP : « Quand nous sentons la morsure de la faim et de la soif, ils doivent aussi la ressentir. Un être humain n’est rien sans l’humanitéC
Le lendemain, l’AFP toujours évoquait la fondation américaine Clean Futures Fund (CFF) qui s’occupe du millier de chiens vivants dans la zone interdite (30 km) autour de l’ex-centrale nucléaire de Tchernobyl : 200 chiots de moins d’un an vont être adopté par des américains ; sur les 300 familles qui se sont portées volontaire, combien ont voté Trump ?
En Espagne, le massacre continu : on estime à 50 000 le nombre de lévriers, utilisés par les ‘’galgeros’’ pour la chasse aux lièvres, puis abandonnés, voire pendus les pattes touchant à peine le sol, jetés vivants dans des fosses, brûlés vifs, mutilés… Question d’honneur : un chien mauvais chasseur déshonore son propriétaire.
Notre président de la République, qui a adopté à la SPA Némo (un croisé labrador-griffon) fin août dernier, rencontrait récemment le pape François, qui a choisi ce nom en mémoire de saint-François-d’Assises, saint patron des animaux car il les considérait comme des créatures vivantes de Dieu, les élevant au rang de frères de l’homme. Dans l’encyclique Laudato si (« Loué sois-tu »), le pape François évoque « l’exemple par excellence de la protection de ce qui est faible ».
L’entretien François-Macron a duré 57 minutes, un temps anormalement long parait-il en regard des usages vaticanesques. Parce que outre l’évocation de la question des migrants, ils auraient aussi abordé le sort des chiens ? Histoire de remettre au centre des débats la parole de celui qui il y a 2000 ans prévenait : « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens… ».
Denis Tardy