ENFANTS
Encore une ‘’trumpitude’’ avec les enfants séparés de leurs parents, immigrés clandestins aux États-Unis. Protestations et condamnations ont fait reculer le président des États-Unis. Les enfants ne sont pas à la fête ces derniers temps : l’ambassadeur palestinien à l’ONU n’a-t-il pas dénoncé les tirs de Tsahal à la frontière entre Gaza et Israël « ayant tué huit enfants de moins de seize ans » à la mi-mai ? Ceci étant, ce que nous avons fait avec des enfants réunionnais dans les années 1960/1970 n’avait rien de très glorieux non plus. En définitive, mieux vaut être un jeune footballeur prometteur, acheté 20 millions d’euros, record annoncé mardi dernier.
Il n’est plus drôle du tout, Donald Trump, si tant est qu’il l’ait jamais été : sa politique anti immigration aboutissait à la séparation d’enfants de leurs familles, entrés illégalement sur le territoire des États-Unis. Ces internements d’enfants ont révolté bon nombre d’américains en même temps que de partout dans le monde des réactions indignées se faisaient entendre : parmi ces voix, celles du pape François et de représentants de l’ONU. L’ONU où les États-Unis viennent de claquer la porte du Conseil des droits de l’Homme. Judicieux…
ONU aussi où, il y a quelques semaines, l’ambassadeur palestinien déplorait que parmi les victimes des tirs de l’armée israélienne contre les manifestants de ‘’la Marche du retour’’ à la frontière entre l’État hébreu et la bande de Gaza « des enfants de moins de seize ans aient été tués ». Dans une actualité où la violence est constamment présente, on peut trouver encore un minuscule réconfort : l’indignation se manifeste encore dès lors qu’il s’agit d’enfants. Comme au XIXe siècle, celui de Victor Hugo à propos des massacres dans l’île de Chio : « Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus, je veux de la poudre et des balles »… Enfants soldats déjà…
Les États-Unis de Trump en étaient arrivés à séparer de leurs parents des enfants et à les ‘’parquer’’ ; notre pays lui, il y a une cinquantaine d’années n’a guère fait mieux si l’on ose écrire, avec ce que l’on a coutume d’évoquer sous la terminologie ‘’d’enfants réunionnais de la Creuse’’. Pourquoi revenir sur ce sujet remontant à l’époque où un ancien Premier ministre voulait repeupler le Massif Central avec la migration organisée de plus de 2 000 enfants de la Réunion, sans leurs parents bien sûr ? Parce que depuis 2014, date à laquelle l’Assemblée Nationale a reconnu ‘’la responsabilité de l’État envers ces pupilles (les enfants réunionnais)’’ la volonté de réparer les préjudices de ces enfants déracinés et souvent maltraités (les cas de suicide ne furent pas rares parmi eux) tarde à se traduire dans les faits. Une commission a été créée en février 2016 ; son rapport (de 690 pages) a été rendu en avril dernier : seuls 150 personnes sur les 2 015 enfants concernés, se sont fait connaître. Le président de la République a estimé que cette affaire était « une faute », la commission a dénoncé « une utopie dangereuse », la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, évoquant « cette tragique histoire », s’est contenté d’un constat. : « Ce n’est pas un rapport qui va mettre fin aux souffrances… mais ce travail (de mémoire) peut contribuer à les apaiser ». Ah bon ?
Quant à Willem Geubbels, très jeune footballeur ayant commencé à jouer dans l’élite à 16 ans, 1 mois et 7 jours (est-il encore un enfant ?) il n’est pas confronté aux mêmes difficultés que les enfants qu’on vient d’évoquer : son transfert de l’équipe de Lyon à celle de Monaco a atteint des sommets, 20 millions d’euros.
Denis Tardy