BOVINS
Notre président et son ambitieuse politique européenne ? Au vu des événements récents, c’est un peu comme si Jupiter (Zeus) transformé en taureau ailé échouait à décoller pour enlever Europe, la princesse phénicienne… Et cela dans une actualité qui se plait ces derniers temps en compagnie des bovins : l’association L 214 fait ressurgir la polémique sur les abattoirs ; alors même que la saison des festivals de jazz (et ses bœufs) redémarre, et que Paris s’apprête à accueillir des vaches place de la République. Autant d’effets bœuf dans l’actualité.
Le volontarisme pour la relance du projet européen dont témoignait notre Jupiter-président de la République il y a un an suscitait l’intérêt. Depuis, les élections en Allemagne et une chancelière n’ayant plus les coudées franches pour faire avancer la cause européenne, ajouté au scrutin d’avril dernier en Hongrie ayant conforté Victor Orban, sans oublier le Brexit et la Grande-Bretagne qui largue les amarres d’avec l’Europe, la Pologne en conflit avec la Commission européenne qu’elle accuse « de violation grave de l’état de droit » et d’infraction à l’article 7 du traité de l’Union européenne, et maintenant l’arrivée au pouvoir en Italie d’une coalition hétéroclite quelque peu euro-sceptique, bref Emmanuel Macron n’a plus grand monde sur qui s’appuyer pour faire avancer ses idées de renforcement des institutions de l’Europe. C’est comme si, pour filer la métaphore mythologique, Jupiter (Zeus) métamorphosé en taureau blanc ailé n’arrivait pas à décoller avec Europe sur son dos. D’ici à ce que, paraphrasant De Gaulle, il déplore que les européens soient des veaux…
Bovins encore (et autres animaux) dans l’actualité à propos des abattoirs. L’Assemblée nationale le 22 mai dernier examinait un projet de loi sur l’alimentation et aussi sur le bien-être animal. L’association ‘’L 214’’, avec le renfort de l’actrice Sophie Marceau, a relancé sa machine propagandiste, mettant en ligne des vidéos dénonçant la mal traitance animale dans un élevage de poules ; le 13 avril dernier, c’était une vidéo sur les conditions de transport et d’abattage de bovins hors Union européenne. Défendre la cause animale apparait louable, faire cesser des comportements inadmissibles dans des élevages ou abattoirs nécessaire ; faut-il pour autant substituer l’émotion à la réflexion au risque de s’inscrire dans une démarche proche du totalitarisme pour imposer le véganisme ?
Bovins toujours dans l’actualité, mais musicaux cette fois : revoilà venue l’époque des festivals de jazz, inséparables de leurs bœufs hors concert. Jazz à Saint-Germain-des-Prés a ouvert le bal le 24 mai dernier, Montreux, Vienne, Marciac et beaucoup d’autres vont suivre. On leur souhaite un succès bœuf.
Et puis les manifestants syndicaux vont être privés d’un de leur terrain de jeu favori à Paris du 2 au 5 juin, la place de la République. Les vaches vont venir pâturer au pied de la statue de Marianne, « pour célébrer la biodiversité et l’agriculture urbaine » (sic) dans le cadre de BiodiversiTerre « grand geste pédagogique destiné aux familles dans le contexte du changement climatique, de la préservation et du développement de la biodiversité ». Petit détail : les visiteurs pourront s’initier, d’après l’AFP, à la traite des vaches… dans une salle de traite virtuelle. À se demander pourquoi on fait venir des vaches !
Denis Tardy