ANIMAUX
Phénomènes culturels relevant du patrimoine qualifié d’immatériel (notion développée depuis quelques dizaines d’années et officialisée en 1993 par l’UNESCO) ou bien alors simple manifestation de cruauté, la chasse à courre, à l’ortolan, les combats de coqs, les corridas et l’on en passe font régulièrement polémique et en cette fin d’année les exemples d’oppositions à de telles pratiques ont été légion.
Pas sûr que l’initiative de notre Président d’allé saluer les chasseurs à Chambord récemment, tout comme sa promesse de rétablir les chasses présidentielles aillent bien dans le sens de ce que souhaite l’opinion : dans l’Oise au lendemain de Noël, la mobilisation d’habitants refusant qu’un cerf objet d’une chasse à courre soit abattu a été largement médiatisé. Alors même qu’un sondage de l’Ifop début décembre établissait que l’adhésion à la chasse à courre était le fait de 16 % des sondés au lieu de 22 % en 2005. Et pourtant la vénerie s’est fortement développé dans notre pays ces dernières années, avec plusieurs centaines d’équipages. Et le « prélèvement » sur la faune de la chasse à courre représente quelques pour cent du total des « prélèvements » effectués pour les espèces concernées.
En novembre dernier, la Commission européenne mettait fin à la procédure d’infraction contre la France visant la chasse aux ortolans et les condamnations se multiplient à l’encontre des chasseurs d’ortolans : dernier en date, le 21 décembre, 11 chasseurs étaient jugés par le tribunal de Mont-de-Marsan. Les « résistants » qui persiste à chasser l’ortolan malgré l’interdiction invoquent pour leur défense une tradition qui se meurt. Ce sont des « anciens », les nouvelles générations se désintéressant d’une pratique relevant, d’après certains, de « l’identité landaise ». D’après le Muséum de Paris, s’il y a déclin de la population d’ortolans, il n’y aurait cependant pas de risque d’extinction de l’espèce.
Sûr que dans les mois qui viennent, les corridas (interdites en Catalogne en 2010 par le parlement séparatiste, rétablies par le gouvernement central espagnol en octobre…) que le ministère de la Culture avait inscrit au patrimoine culturel immatériel de la France en 2011, décision annulée par le Conseil d’État en juillet 2016, ou encore les combats de coqs (autorisés par notre pays dans certaines localités du nord de la France) seront de nouveau la cible d’associations de défense des animaux.
On aurait garde d’oublier, alors que Brigitte Bardot s’est indignée une nouvelle fois dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron des mauvaises manières faites à la cause animale, qu’en 2017, la production française de foie gras s’établissait à environ 11 000 tonnes, et la consommation à 13 400 tonnes, chaque ménage achetant en moyenne 650 grammes. Chevreuils et autres cerfs, ortolans, taureaux voire coqs auraient-ils droit à plus de sollicitude que les oies et canards ?
Denis Tardy