Chronique du jeudi 21 décembre 2017

 

QUARANTE

 

Jean d’Ormesson qui nous a quitté il y a quelques semaines était dans la quarantaine lorsqu’il fut élu à l’Académie française. Une académie dont les membres sont surnommés les « quarante » et dont le protecteur n’est autre que le Président de la République … qui vient d’avoir quarante ans. L’Élysée n’a pas fait savoir si Emmanuel Macron chaussait du 40….

 

Ainsi que nul n’a pu l’ignorer, c’était le 21 décembre dernier l’anniversaire d’Emmanuel Macron, qui vient donc d’entrer dans la quarantaine. Celui dont les récents sondages de popularité peuvent lui donner l’impression de marcher sur l’eau doit cependant prendre garde : l’exercice s’avère encore plus périlleux dans les quarantièmes rugissants (comprenez les difficultés à venir). François Gabart, qui vient de boucler un tour du monde éblouissant à la voile pourra, si besoin, lui expliquer.

Dommage en tout cas que Gilbert Rivayrand, viticulteur retraité et maire de la commune de… Quarante (cela ne s’invente pas) ait loupé l’occasion : il aurait pu lancer une invitation à notre président pour passer sa soirée d’anniversaire dans sa commune plutôt qu’à Chambord. Après tout, l’abbatiale Sainte-Marie de Quarante est aussi classée monument historique, et depuis des lustres; de plus, hasard du calendrier, elle fut même classée au jour près 70 ans avant la naissance d’Emmanuel Macron ! Autant de coïncidences qui auraient dues attirer l’attention de l’Élysée : un déplacement aussi symbolique à Quarante aurait évité les critiques sur le caractère trop monarchique du choix de Chambord.

En plus, la commune de Quarante, située dans l’Hérault, ne pouvait qu’aider notre président à rendre son image « plus écolo » : il s’y dresse en effet une des plus anciennes éolienne de France, construite par Auguste Bollée en 1898. C’est Nicolas Hulot qui aurait été heureux.

Et puis pour rester dans l’anecdote, Emmanuel Macron, si tant est qu’il eut été tenté de commenter son anniversaire, aurait pu, avec le style précieux et suranné de ses interventions, vouloir recourir à la formule désuète de « s’en moquer comme de l’an quarante ». Une formule qu’employaient les royalistes à la fin de la Révolution, lorsqu’ils évoquaient des décisions prises par les républicains sans conséquence, selon eux, dès lors qu’on ne pouvait imaginer que la République atteigne quarante ans. Sur le coup, ils n’avaient pas totalement tort, mais deux siècles après…

Monarchie, Empire, République : de tout façon la continuité fut assurée en France. C’est à quarante ans que Louis XIV signât le traité de Nimègue considéré comme la réussite d’une France qui arbitrait l’Europe. C’est à quarante ans que Napoléon remportait la victoire de Wagam. C’est à quarante ans que son neveu, Louis-Napoléon est élu député, première marche d’une ascension qui devait le conduire à la présidence de la République puis à la tête du Second Empire.

Emmanuel Macron est bien en marche dans les pas de ses glorieux ainés…

Denis Tardy

  

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