Chronique du jeudi 14 décembre 2017

 

TRANCHER

 

Point commun entre le projet de construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes en Bretagne et le Plan loup 2018-2023, outre qu’il s’agit de dossiers impliquant fortement les mouvements écologistes, ils s’affirment comme les plus grands communs diviseurs sans que s’offre la moindre solution médiane susceptible de « contenter tout le monde et son père » comme avait déjà prévenu La Fontaine. Pour nos dirigeants en mal de solutions, il va falloir remonter plus loin dans le temps que le XVIIe siècle pour trouver l’inspiration d’une sortie de crise, avec Alexandre le grand, voire avec le roi Salomon, pas vraiment des démocrates tous les deux.

 

e compte à rebours a commencé pour l’annonce de la solution retenue à propos du projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le rapport de médiation ayant été rendu récemment et la décision de l’exécutif étant annoncée pour avant fin janvier. Une décision qui ne pourra que, tant que l’on se retrouve dans une situation d’opposition frontale entre les « pour » et les « contre », entériner la fracture entre deux positions antinomiques avec les conséquences qui vont avec. « On ne peut contenter tout le monde et son père » rappelait La Fontaine dans sa fable Le Meunier son fils et l’âne.
Pour sa part le Plan loup pour la période 2018-2023 vise à « assurer la conservation du canidé et prendre en compte la détresse des éleveurs ». En 2016, près de 10 000 brebis auraient fait les frais, si l’on ose écrire, de « prélèvements » de loups. Des loups qui seraient entre 300 et 400 sur le territoire français, voire deux fois plus selon certaines sources. Éleveurs et écologistes se retrouvent, comme pour le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dans des positions irréconciliables.
Dès lors dans ces deux dossiers, l’exécutif français se retrouve un peu dans la situation d’Alexandre le grand en 333 avant J.-C. en Phrygie : le char du roi Midas était attaché à son attelage par un noeud gordien, dont la prophétie disait que celui qui arriverait à le dénouer deviendrait maitre de l’Asie. Devenir maitre de l’Asie, c’était le rêve d’Alexandre. Sans complexe, Alexandre plutôt que de dénouer le noeud, le trancha d’un coup d’épée. Et poursuivit sa route jusqu’à l’Indus.
Dans un contexte comparable de solution à apporter à une situation inextricable, le roi Salomon d’après la Bible, lui aussi avait trouvé une bonne formule,  faisant également appel à l’épée. On résume, deux femmes revendiquent un enfant; Salomon se fait apporter un glaive et propose de partager l’enfant en  deux, chacune des « parties » étant destinées à être remise â l’une et l’autre des deux femmes; l’une d’entre elles préfère renoncer à l’enfant plutôt que de le voir mourir, ce qui permit à Salomon de reconnaitre qu’elle était la mère… et sauva l’enfant.
Comme Alexandre le grand et Salomon, Emmanuel Macron doit trancher sur Notre-Dame-de-Landes et le Plan loup…

Denis Tardy

Post sciptum : dans l’actualité, La Fontaine encore,  avec les revendications antinomiques israélienne et palestinienne sur Jérusalem comme capitale, avivées par la décision de Donald Trump de transfert de l’ambassade des États-Unis,  qui méritent que l’on relise la fable Le Chat, la belette et le petit lapin.

  

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