GÉNÉRATIONS
Pas facile de quitter le pouvoir. Pêle-mêle : Robert Mugabe au Zimbabwe, Abdelaziz Bouteflika en Algérie, la reine Elisabeth II au Royaume-Uni, voire même Angela Merkel en Allemagne témoignent ces jours-ci dans l’actualité de la propension des dirigeants à refuser à la fois le verdict de l’âge et aussi à ne pas prendre en compte l’usure due à l’exercice du pouvoir prolongé.
Pressé de toute part de démissionner, sans être lui-même pressé de démissionner, Robert Mugabe, 93 ans, au pouvoir depuis 37 ans, de 1980 à 1987 comme Premier ministre, puis de 1987 à aujourd’hui comme président de la République du Zimbabwe, a finalement rendu les armes. On n’en est pas encore là avec Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, président de l’Algérie depuis 1999, qui bien que victime d’un AVC en 2013 l’ayant fortement handicapé, pourrait repartir pour un cinquième mandat en avril 2019 ; jeudi dernier, c’était pour désigner les élus locaux que les électeurs algériens étaient appelés aux urnes, une répétition avant 2019 ? Notre président à nous, Emmanuel Macron, en saura peut-être plus prochainement, il doit rencontrer Abdelaziz Bouteflika le 6 décembre prochain. Quant à la reine Elisabeth II, 91 ans, dont 65 ans comme souveraine, ayant dépassé le record de la reine Victoria au XIX° siècle (63 ans de règne), elle vient de fêter ses 70 ans de mariage et quand bien même elle a allégé son emploi du temps officiel, son fils le prince Charles, 69 ans, n’a pas l’air de savoir s’il devra lui succéder, et quand ; il est vrai que la mère d’Elisabeth II, la délicieuse reine-mère, n’a quitté ce monde qu’en 2002, à 2 mois de son 103° anniversaire. Angela Merkel, à côté, fait figure d’une jeunette avec ses 63 ans dont 12 ans chancelière de l’Allemagne. Elle n’en reflète pas moins, comme les autres personnalités évoquées le temps long en politique qui ne parait plus être dans l’air du temps. Fini en effet, l’époque des Castro et Mitterrand ; Castro et ses presque cinquante ans à la tête de Cuba, Mitterrand et ses deux septennats cumulés (1981-1995) en France : c’était au siècle dernier.
Dorénavant les quadras poussent à la porte : Justin Trudeau (46 ans aujourd’hui) dont soit dit en passant l’inauguration de sa statue de cire au musée Grévin de Montréal a fait des vagues il y a quelques jours, Justin Trudeau donc est Premier ministre du Canada depuis 2 ans. Emmanuel Macron lui soufflera ses 40 bougies le 21 décembre prochain. Christian Lidner, 38 ans, à la tête du SPD (parti libéral-démocrate allemand) s’est montré après les élections Outre-Rhin l’un des empêcheurs de tourner en rond pour la formation d’une coalition de partis politiques afin de diriger le pays, pratique usuelle en Allemagne, mettant Angela Merkel dans la panade… En Ecosse, Nicola Sturgeon fut à la fois en 2014 la première femme Premier ministre de ce pays et la plus jeune à ce poste (44 ans) ; il est vrai qu’elle n’a eu que quatre prédécesseurs, le poste n’ayant été créé qu’en 1999. Quant à MBS, Mohammed ben Salmane Al Saoud, le nouvel homme fort de l’Arabie Saoudite, qui vient d’asseoir son pouvoir en écartant avec force ceux qui pouvaient lui faire de l’ombre, il n’affiche que 32 ans au compteur. Un record qui va être difficile à battre.
Seule exception remarquable dans cette vague de jeunisme à la tête des nations, les États-Unis qui ont remplacé un président élu à 47 ans en 2008, Obama, par un Donald Trump septuagénaire. Et son adversaire, Hillary Clinton avait à quelques mois près le même âge. Kennedy, lui, accédait à la Maison Blanche à 43 ans…
Denis Tardy